Le 9è Forum Chine-Afrique se poursuit au pays de Xi Jinping. Quels sont les opportunités et enjeux pour les pays ? La participation de la République Démocratique du Congo (RDC) à ces assises ne cesse d’interroger la sphère sociologique congolaise, notamment sur les perspectives d’avenir de coopération.
Dans une interview accordée à votre média mardi, Jean Pierre Okanda, Directeur pays de la structure Ressources Matters, a évoqué des intérêts croisés entre la Chine, qui cherche à s’affirmer aussi bien au niveau international qu’en Afrique, et la RDC qui est à la quête du développement en infrastructures.
« Il faut noter que nous n’avons pas les mêmes intérêts. Les intérêts sont souvent croisés. Les besoins de la Chine sont pas forcément comme les intérêts de la RDC. Par exemple, la RDC a aujourd’hui besoin d’argent pour financer le développement de ses infrastructures », a-t-il démontré.
Dans son intervention, Jean Pierre Okanda note que cette 9è édition a un enjeu d’ordre stratégique car « nous voyons que la Chine qui s’affirme et s’engage efficacement dans le secteur énergétique fait que la géostratégique place d’un côté la Chine, et de l’autre les USA ainsi que d’autres puissances comme la Russie. Et c’est un facteur que l’on ne peut pas ignorer, car cela positionne l’Afrique et particulièrement la RDC au centre pratiquement des enjeux, notamment au niveau régional et international », a-t-il souligné.
Contrats Sicomines-RDC
La question liée aux contrats entre la Sicomines et la RDC, baptisés contrats du siècle, s’invite toujours dans les débats. Pour Jean Pierre Okanda, ce contrat est totalement en défaveur de la RDC et, malgré la présence du Président Tshisekedi en Chine, cette rencontre ne pourra pas être une opportunité pour le pays de revoir cet avenant déjà signé.
« L’avenant a été signé, je ne pense pas que l’on peut revoir cet avenant qui est en défaveur de la RDC. En défaveur parce que l’approche même du développement qu’adopte la Chine envers la RDC et ce qu’elle fait chez nous, c’est pas le cas de ce qu’elle fait chez elle. Elle n’a pas acceptée que les occidentaux adoptent l’approche qu’elle adopte en Afrique » a-t-il déploré, en précisant que la Chine a été beaucoup plus stratégique et visionnaire envers les occidentaux par rapport à d’autres pays d’Afrique et c’est le cas de la RDC.
« La Sicomines représente aujourd’hui une opportunité manquée pour la RDC. L’accord doit être révisé absolument parce qu’il doit être prolongé jusqu’en 2040. Cette révision ne doit pas être contre la Chine, mais pour garantir un partage équitable, pour du gagnant-gagnant », a-t-il dénoncé.
À l’en croire, avec le Président Tshisekedi, le dossier Sicomines est déjà clos. Il faudra, selon lui, attendre un nouveau leadership à la tête du pays pour réouvrir la page en regardant pourquoi on a accepté un accord qui est en défaveur du pays.
Le côté néfaste de cet accord est souvent peu évoqué : c’est le côté développement du secteur privé congolais. Aujourd’hui, « ce sont des entreprises chinoises qui construisent des routes. En réalité, la Chine fait de l’argent en aller et retour, en minerais et infrastructures alors qu’on aurait voulu qu’un article dans l’avenant stipule que les travaux d’infrastructures seront exécutés par les entreprises congolaises, de concert avec les entreprises chinoises, en facilitant le transfert de la technologie », a-t-il poursuivi.
Jean Pierre Okanda a décrié le manque de gestion des ressources internes par les dirigeants africains. Notamment, dans la relation de collaboration Afrique-Chine.