Le Haut-Katanga, cette province stratégique qui regorge de ressources minières abondantes dans le sud oriental de la République Démocratique du Congo (RDC), est secoué par une crise énergétique qui se manifeste à travers des délestages intempestifs. Cette problématique a été soulevée lors du Forum des parties prenantes sur les minéraux de la transition énergétique, organisé à Kinshasa du 3 au 5 décembre par Resource Matters et le Ministère des Mines.
Intervenant comme paneliste, Lucien Lumanu Mukadi, Ministre en charge des Mines, Énergie, Hydrocarbures et Développement durable de la province du Haut-Katanga dans le panel axé sur « la réflexion sur les infrastructures routières, ferroviaires et portuaires », a d’abord rappelé un fait historique : « Aujourd’hui, pour ceux qui ont vécu dans cette province du Haut-Katanga jusqu’en 1998, ils vous diront qu’on n’a jamais connu de problème de délestage et c’est vrai. Pourquoi ? Parce qu’on n’avait que la Gecamines. Mais après avoir ouvert le marché à tout le monde, ils sont venus, ils se sont investis dans les mines et nous n’avons pas pris en compte les besoins futurs liés à l’énergie (…) tout en oubliant aussi les aspects environnementaux », a-t-il relaté. Il se plaint en outre du fait que même l’eau qui devrait alimenter les barrages n’est plus suffisante suite à l’absence de pluies.
Le barrage de Mwadigusha presque à l’arrêt
Le Ministre provincial des Mines a aussi soulevé, dans son intervention, la problématique du barrage de Mwadigusha. D’après lui, « sur 3 turbines qui existent, il n’y a qu’une seule qui fonctionne et les deux autres ne reçoivent pas suffisamment assez d’eau pour pouvoir fonctionner. Et ceci doit pour autant nous pousser à réfléchir, si nous demeurons toujours un grand potentiel énergétique ou pas ! »
Au sujet de la position qu’occupe le Haut-Katanga, il estime que « c’est une province mieux positionnée par rapport à l’énergie solaire, car elle en regorge beaucoup ». Il explique ensuite qu’il était obligé de pousser les acteurs à investir plus dans l’énergie solaire que dans l’hydro parce qu’avec le solaire et la position que la province occupe, ça ne poserait pas beaucoup de problèmes environnementaux. « Avec l’expérience que nous avons déjà avec les 5 entreprises qui se sont positionnées, ça pourrait résoudre jusqu’à un certain niveau ce problème énergétique mais pas jusqu’à 20 et 30% du secteur. Et la politique énergétique qui est quasiment obsolète devrait être au centre de nos préoccupations, parce qu’elle touche tous les domaines d’activités économiques », a-t-il déclaré.
Problématique de la transformation locale
En parlant de la transformation locale, il indique que « ça ne se limite pas seulement à la production minière. C’est toute une chaîne qu’il faut observer. Si déjà au niveau de la transformation seulement des minerais nous avons des problèmes et que dire alors des autres ? De notre côté, nous avons insisté sur l’option de pousser nos entreprises minières à développer déjà de l’énergie solaire et là où il y a beaucoup des facilités. Mais la difficulté que nous rencontrons, c’est plutôt le transport de l’énergie électrique vers le centre de consommation. À l’époque, la Gécamines avait effectué des investissements avec la Snel mais c’est justement là où il y avait ses intérêts ».
Le ministre explique que dans le Haut-Katanga, le territoire de Kabove est bien alimenté tandis que pour Sakania, Kasenga et bien d’autres, il n’y a presque pas de structures appropriées. Pourtant, c’est là que l’on trouve des minerais, s’étonne-t-il. Sakania a du cuivre pratiquement inexploité et seules deux entreprises minières évoluent dans cet environnement. Pour lui, les gens évitent d’y aller parce qu’il n’y a pas d’énergie électrique permanente. Il faudrait alors, d’après lui, se tourner vers l’énergie solaire. Pour cela, il explique que son bureau a reçu une délégation américaine qui voudrait apporter en moyenne 1000 mégawatts pour alimenter les besoins existants.
Daniel Bawuna