Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, Prince Kihangi, ancien Député provincial du Nord-Kivu et originaire du territoire de Walikale, dénonce l’exploitation quasi-illicite de l’étain à Bisie, située à environ 135 kilomètres à l’ouest de la ville de Goma. Selon ses déclarations, la société américaine Alphamin Bisie Mining SA exploite les ressources minières locales sans apporter de véritables bénéfices aux communautés locales.
La vidéo montre une file interminable de camions stationnés à Logu, principale porte d’entrée vers Bisie. Prince Kihangi affirme que ces camions transportent des tonnes d’étain extraites quotidiennement, sans que les habitants du territoire de Walikale ne perçoivent d’impact concret sur leur développement.
« Chaque camion transporte environ 8 tonnes d’étain et effectue deux rotations par jour. Imaginez la quantité astronomique de ressources qui quittent ce territoire, alors que Walikale reste figé dans la pauvreté », s’est indigné l’ancien député.
Un territoire en proie à la dégradation et à la marginalisation
Au-delà de l’exploitation intensive, Prince Kihangi s’inquiète également des conséquences environnementales. Il alerte sur les effets dévastateurs des excavations massives qui risquent de rendre les sols infertiles et de compromettre l’avenir agricole d’une région déjà vulnérable.
Par ailleurs, il critique le manque de redevabilité de la société minière envers les populations locales. Bien que le cahier des charges signé en février 2021 entre Alphamin Bisie Mining et les communautés locales ait prévu un fonds de 4 millions de dollars américains (USD) pour des projets de développement, les promesses semblent jusqu’ici restées lettre morte. Ces investissements devaient couvrir des secteurs clés tels que l’éducation (1,8 million USD), l’accès à l’eau et à l’énergie (750 000 USD), ainsi que la santé (320 000 USD). Pourtant, à moins de 3 mois de l’échéance prévue en février 2025, les réalisations concrètes tardent à se matérialiser.
Un appel à l’action pour un avenir équitable
Face à cette situation alarmante, Prince Kihangi exhorte les autorités, les entreprises et la société civile à une prise de conscience collective. « Il est temps que nous éveillons notre conscience pour que cette richesse profite réellement au territoire de Walikale, à sa population, au Nord-Kivu et à toute la République Démocratique du Congo », a-t-il martelé.
Le cri de détresse de cet ancien élu soulève une question cruciale : qui bénéficie réellement de l’exploitation des ressources minières du Nord-Kivu ? Loin de s’arrêter à une dénonciation, ce débat appelle à une mobilisation urgente pour transformer la richesse minière en un levier de développement durable pour tous. Si rien n’est fait pour inverser la tendance, Walikale risque de devenir un symbole tragique : celui d’un territoire riche en ressources mais appauvri par l’inaction.
Yenga Fazili wã BIREGEYA, Correspondant au Nord-Kivu