Les violons ne s’accordent plus entre dirigeants et travailleurs de l’entreprise chinoise Kalongwe Mining. Cette société est située à plus de 60 kilomètres de la ville de Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba.
Se confiant à MINES.CD, les travailleurs de Kalongwe Mining dénoncent les mauvaises conditions de travail en plus d’un salaire médiocre. Pour faire valoir leurs droits, ils ont amorcé une grève sèche.
D’après le témoignage d’un agent de Kolongwe Mining, au début de ses activités il y a pratiquement une année et demie, cette entreprise exploitant le cuivre et cobalt, avait « convaincu » les travailleurs de son incapacité à pouvoir majorer leurs salaires suite à une prétendue « insuffisance de production ».
Bénéficiaires des salaires « très moindres », les agents avaient en mai dernier, déclenché un premier mouvement de grève afin de pousser les propriétaires de l’entreprise à revoir à la hausse leur rémunération et améliorer « certaines conditions », notamment le manque des bus qui peuvent assurer la mobilité du personnel ainsi que les installations hygiéniques.
« Nous faisons 6 jours à la maison et 21 jours au boulot. Bien que vivant dans le camp, cette situation entrave notre capacité à faire mieux en tant que travailleurs. En ce qui concerne l’alimentation, c’est encore grave. Nous ne mangeons pas à notre faim. Nous ne sommes pas bien traités. Nous avons décrété des grèves pour que l’employeur puisse améliorer nos conditions, malheureusement nous n’avons pas eu gain de cause », a regretté cet agent de Kalongwe Mining.
La situation désastreuse ne semble pas se limiter à leur lieu de travail, mais elle se prolonge également au camp où ils sont logés. La source précitée a révélé que dans leur lieu d’habitation commun [ndlr. Camp] « il y a manque d’eau potable et d’installations sanitaires.»
« Nous vivons dans une promiscuité comme pas possible avec des installations qui servent en quelque sorte de courroie de transmission de plusieurs maladies », a-t-il renchéri.
Des concertations avec l’employeur sans résultats satisfaisants
Soucieux de l’amélioration de leurs conditions de travail, les agents de Kalongwe Mining ont décidé de rencontrer le Directeur Général de l’entreprise pour trouver une solution unanime. Après échanges, l’autorité se serait montrée « compréhensive » et aurait promis d’améliorer la situation jusqu’au plus tard fin juin.
Arrivée à l’échéance du délai, la situation est, selon les dires de notre source, devenue encore « pire ». Au lieu de majorer les salaires, le Directeur Général « a encore baissé sensiblement les salaires.
« Au début du mois d’octobre, nous avons déclenché une deuxième grève qui s’est soldée d’ailleurs par un sit-in devant le bureau du DG pour qu’il puisse améliorer nos conditions conformément à la production qui était en cours. Il a même refusé de recevoir notre mémo dans son bureau », a ajouté un autre agent sous couvert d’anonymat.
En marge d’un sit-in des agents de Kalongwe Mining, une délégation composée des chinois et congolais œuvrant essentiellement dans la sécurité de l’entreprise « ont brutalisé et envoyé par force ces derniers pour reprendre le travail.»
« C’était un événement jamais vu dans ma vie. La situation s’est détériorée davantage avec le crépitement de balles jusqu’à ce que nous avons fui dans la brousse pour éviter que le pire se produise. Cette délégation dotée des matraques et armes, nous poursuivait comme lors d’une guerre. C’était le sauve-qui-peut. J’ai même des preuves de ce que je vous dis (…) En rentrant, nous nous sommes dit que comme les chinois nous maltraitaient en faisant recours à la force, nous avons décidé de faire autrement les choses. Nous nous sommes décidés de voir alors nos autorités en tant que congolais pour que ces derniers puissent nous trouver la solution. Le matin, nous avons quitté le camp à pied jusqu’à Kolwezi, une distance de 85 kilomètres », a renseigné notre source.
Un salaire de base de 133 USD, sans prime et allocation
À Kokwezi, les grévistes ont été reçus par un membre du gouvernement provincial du Lualaba, qui leur a rassuré « de son implication dans cette affaire ». Notre témoin a confirmé « qu’il est allé plus loin pour parler avec le Directeur Général de Kalongwe Mining ». En même temps, il a mis en place une délégation composée des éléments de la police, des grévistes et de quelques membres de son cabinet.
Accompagnée de ladite délégation, le ministre s’est lui-même rendu sur le lieu pour s’enquérir de la situation et arrivé à destination, « ils n’ont pas réussi à accéder au camp pour voir le Directeur Général.»
« Les chinois ont intimé l’ordre à la sécurité de ne pas ouvrir la porte. Après 45 minutes devant la porte du camp de Kalongwe Mining, le ministre s’est encore dirigé vers le gouvernorat. De notre côté, nous nous sommes dirigés vers l’Assemblée provinciale pour déposer notre mémo. Malheureusement les gens retrouvés sur place ont refusé de recevoir notre mémo vu qu’ils se préparaient pour accueillir le Président de la République. Nous sommes alors rentrés sans déposer notre mémo. Pour ceux qui étaient partis avec le ministre au gouvernorat, nous n’avons pas eu de suite. Au moment où je vous parle, C’est le statut quo qui règne (…) Nous travaillons dans des conditions inhumaines », a témoigné cet agent.
A en croire ses propos, d’autres entreprises œuvrant sur place, à l’exemple du chinois CMOC, ont des bus qui font des aller-retours. Les agents de CMOC partent travailler le matin et rentrent tous chez eux le soir. Alors qu’eux sont internés au camp et vivent dans « de mauvaises conditions ».
« Nous avons des intellectuels qui travaillent au laboratoire avec un salaire de 300 dollars américains, pas de prime, pas d’allocations familiales. Nous signons le contrat avec un salaire de base de 133 dollars américains. Alors que nous produisons le même cuivre que chez Kamoa et d’autres entreprises », a-t-il fustigé.
Joint par la rédaction de MINES.CD, le Directeur des ressources humaines de Kalongwe Mining – actuellement en congé, a confirmé le mouvement de grève. Toutefois, il a indiqué que les dirigeants de l’entreprise attendent s’imprégner de la situation avant de donner leur version des faits dans les jours à venir.