Accusé d’avoir engagé, « sans titre, ni qualité », la République démocratique du Congo avec le cabinet d’avocats sud-africain, Centurion Law Group – qui réclame 36 millions de dollars américains à l’État dans l’affaire Glencore – Thierry Mbulamoko, coordonnateur de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (ALPC), a été suspendu en début de cette semaine.
En effet, après avoir défendu l’État congolais dans le dossier des faits de corruption qui mettait en cause le géant anglo-suisse, Glencore, Centurion Law Group réclamait à la partie congolaise un paiement – non effectué jusqu’à ce jour – de plus ou moins 20% des 180 millions de dollars américains payés par Glencore à l’issue du procès à titre de dommages et intérêts.
Face à cette situation, le directeur exécutif d’Afrewatch, une structure citoyenne militant pour la transparence dans le secteur extractif, Emmanuel Umpula, a dans une interview exclusive accordée à MINES.CD, estimé que les retombées de l’accord entre Kinshasa et Glencore sont issues du combat mené par la société civile et que, par conséquent, « la totalité de la somme payée » pour dénouer l’affaire revenait d’office aux congolais et non à une entreprise privée.
« Je pense nous tous, nous étions concernés car c’était l’argent du peuple, c’est beaucoup d’argent. Le combat pour exiger le paiement par Glencore de cet argent a été mené par la société civile, qui a fait un grand travail pour demander que la société paye comme il l’a fait aux États-Unis », a-t-il affirmé d’emblée.
D’après lui, le géant anglo-suisse devrait en principe payer plus par rapport à ce que l’entreprise a engrangé entre 2007 et 2018 sur le sol congolais. À cet effet, réduire ce que Glencore a payé au pays et le verser, par la suite, en faveur d’un cabinet d’avocats, « serait inacceptable pour tout congolais digne ».
« Pour le reste, je ne sais pas me prononcer par rapport à la sanction, du fait qu’il est suspendu. Je pense que cela revient à la justice pour que la vérité éclate pour savoir à quel moment il a négocié avec ce cabinet. Mais c’est inacceptable pour un congolais de négocier ce genre de contrat. Je pense que le rôle de l’APLC est d’aider l’État congolais, maintenant si l’APLC n’est pas en mesure d’aider le pays, je pense qu’en tant que citoyen congolais cela est inacceptable », a renchéri Emmanuel Umpula, au micro de MINES.CD.
Maintien des sanctions contre Dan Gertler
Le numéro un d’Afrewatch a expliqué que la marche et le sit-in effectués récemment par les mouvements citoyens, « entre dans une démarche démocratique », dans laquelle les congolais demandent « le maintien des sanctions » prises par l’administration américaine contre Dan Gertler tant que le pays n’aura pas récupéré ses droits, notamment dans le secteur minier avec les royalties qui sont récoltées auprès de Metalco, KCC et Mutanda Mining.
« Par rapport à la question des royalties, la levée des sanctions peut avoir des effets très négatifs notamment sans que les sociétés liées à Monsieur Dan Gertler, puissent retourner aucune compassion de royalties car elles ont déjà récupéré presque 500% de leurs investissements. Cela aura des effets sur la justice et d’autres affaires, mais aussi sur les défenseurs des droits de l’Homme qui se battent sur le terrain jour et nuit, notamment le porte-parole du Congo n’est pas à vendre [CNPAV] est poursuivi en justice », a-t-il déploré.
Pour Emmanuel Umpula, la meilleure façon de rendre justice à la RDC est « de retourner au pays ses droits », notamment les royalties sans aucune compassion car cet argent revient pleinement au peuple congolais.
« C’est une demarche normale que nous saluons, cette demarche montre que ce combat pour la justice n’est pas seulement le combat qui est soutenue mais un combat qui implique tous les congolais […] Sans oublier aussi que les actifs liés à Monsieur Dan Gertler ont été acquis de manière opaque, il n’y a pas eu des transparences. C’est une violation de toutes les lois de la RDC, l’exercice était d’acheter les actifs à des prix très bas et les revendre à un prix élevés », a-t-il conclu.
Malgré la position favorable du pouvoir de Kinshasa pour la levée des sanctions américaines qui pèsent contre l’homme d’affaires israélien, Dan Gertler, les voix continuent de s’élever au pays pour exiger le maintien desdites sanctions contre le magnant. Récemment, la CNPAV était en sit-in devant l’ambassade américaine pour plaider la même cause.