Trois dossiers de dénonciation sur des allégations de corruption, de blanchiment d’argent et détournements des fonds publics, dont celui de la Générale des carrières et des mines (Gécamines), ont été déposés vendredi 08 décembre 2023, auprès du procureur général près la Cour de cassation par la coalition le Congo n’est pas à Vendre (CNPAV).
Selon ce document consulté par MINES.CD, plus de 400 millions de dollars américains d’avances fiscales payées par la Gécamines dans des comptes de la Banque Centrale « ne sont pas arrivés au trésor public » et une partie de cet argent « a été utilisé » pour financer des entreprises directement et indirectement liées à la famille de Joseph Kabila, ex-Chef de l’État congolais.
« Le dossier sur les avances fiscales de la Gécamines se base sur les révélations des enquêtes de l’Inspection Générale des finances et de Congo Hold-up selon lesquelles des centaines des millions de dollars de la Gécamines payés à la Banque Centrale du Congo s’étaient volatilisés et n’ont jamais atteint le trésor public », peut-on lire dans ce document du CNPAV.
Selon les révélations des enquêteurs de Congo Hold-up, une partie de plus 400 millions de dollars américains auraient servi à financer les entreprises de la famille Kabila et des sociétés « opaques » ainsi qu’à payer des avocats proches de l’ancien régime. Parmi les individus cités, il y a Francis Selemani, Marc Piedboeuf, ainsi qu’Alain Wan.
Appel à l’ouverture « immédiate » d’une instruction pénale
Pour le CNPAV, au moment où la Cour des comptes enquête sur une petite partie de ces avances fiscales, les enquêtes de Congo Hold-up ont révélé de nombreuses autres transactions « suspectes », qui devraient logiquement pousser la justice à élargir l’enquête à l’ensemble des avances fiscales non retracées dans le trésor public.
« Ces dénonciations s’inscrivent dans une volonté de collaboration entre la société civile congolaise et les autorités congolaises pour lutter contre l’impunité des crimes économiques et pour la récupération des fonds publics détournés », précisait le CNPAV, tout en soulignant qu’elle demeure convaincue que la lutte contre l’impunité et l’instauration de la bonne gouvernance ne peuvent se faire qu’en collaboration avec les autorités nationales et internationales.
« Le CNPAV et ses membres souhaitent que ces dénonciations aboutissent à l’ouverture immédiate d’une instruction pénale et, le cas échéant, à la saisine des juridictions compétentes et à la restitution des biens acquis par des activités illicites au détriment de la population congolaise », a martelé cette organisation de la société civile.
Pour rappel, exceptée la Gécamines, ces dossiers d’accusation du CNPAV documentent également des faits impliquant des acteurs politiques du régime actuel et passé ainsi que leurs proches qui, à travers les entreprises EGAL et Congo Construction Company, auraient détourné plusieurs millions de dollars du trésor public.