Alors que des mouvements de la société civile protestent depuis plusieurs années contre le système de contournement des sanctions au profit du cercle du milliardaire israélien, Dan Gertler, la Plateforme pour protéger les lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) a annoncé que l’administration Biden se prépare à lever ces mesures coercitives.
En 2017, l’homme d’affaires israélien était sanctionné par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du trésor américain pour ses contrats d’exploitation minière et de pétrole « corrompus » estimés à plusieurs centaines de millions de dollars conclus en République démocratique du Congo.
Quatre ans plus tard, de nouvelles sanctions ont été imposées contre Alain Mukonda et 12 entreprises associées à Dan Gertler, basées en République démocratique du Congo et à Gibraltar, à la suite des révélations de Gradi Koko et Navy Malela, deux lanceurs d’alerte congolais.
En effet, durant la période allant de 2020 à 2021, les deux lanceurs d’alerte ont révélé des informations selon lesquelles le magnat israélien de l’exploitation minière poursuivait ses activités commerciales en dollars, malgré les sanctions américaines, « en utilisant la banque Afriland ». Ce réseau lui aurait permis de contourner les sanctions américaines, tout en acquérant de nouveaux actifs miniers grâce à ses associés congolais, dont Alain Mukonda, a renseigné la PPLAAF.
Des négociations entamées avec les USA
D’après les informations rendues publiques par Wall Street Journal, le milliardaire israélien Dan Gertler a entamé des négociations avec les autorités américaines dans l’objectif de voir les toutes les sanctions imposées à lui et ses entreprises puissent être « allégées ».
« Ces sanctions pourraient bientôt être allégées. Cependant, une telle décision entrerait en conflit avec la toute première stratégie nationale de lutte contre la corruption récemment adoptée par les États-Unis, qui a l’intention de tenir les acteurs corrompus responsables », s’est indignée cette organisation membre de la coalition le Congo n’est pas à vendre (CNPAV).
Par ailleurs, tout en expliquant que la levée des sanctions contre Dan Gertler serait également très « préjudiciable » et irait à « l’encontre » de la mobilisation des acteurs de la lutte contre la corruption en République démocratique du Congo observée au cours des dernières années, PPLAAF a également indiqué qu’elle jetterait en pâture les risques considérables pris par Gradi Koko et Navy Malela, actuellement condamnés à mort par contumace.
Plus de 2 milliards USD perdus par la RDC
Le patron de Glencore, Dan Gertler, est depuis plusieurs années la cible principale des organisations non gouvernementales congolaises et internationales, qui l’accusent de faire perdre des milliards de dollars américains au trésor congolais en raison « d’une corruption de haut niveau dans le pays ». Récemment, le CNPAV révélait que l’État congolais avait déjà perdu 2 milliards de dollars américains.
« Qu’il s’agisse de lever les sanctions ou simplement de donner à Dan Gertler une licence lui permettant d’effectuer certaines opérations ciblées, c’est un affront aux risques pris par Gradi Koko et Navy Malela de la RDC […] cet allégement des sanctions pourrait décourager tout futur lanceur d’alerte de présenter de nouvelles preuves, notamment en ce qui concerne un système de contournement des sanctions », s’est plaint Gabriel Bourdon-Fattal, directeur des programmes de la PPLAAF.
Selon lui, l’allégement des sanctions contre Dan Gertler est d’autant plus « surprenant » que cela viendrait en même temps que la vaste campagne de Dan Gertler visant à restreindre l’espace civique.