Dans un contexte géopolitique tendu entre deux pays voisins, la RDC, qui regorge des minerais critiques comme le coltan, le cobalt, le lithium et le cuivre, voit d’un mauvais œil la signature d’un accord d’entente sur les matières premières entre l’Union Européenne (UE) et le Rwanda, qui ne dispose d’aucun minérai stratégique.
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a de ce fait exprimé son indignation à la suite de l’accord entre l’Union européenne et le Rwanda sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques et stratégiques.
Dans un communiqué publié le 21 février et consulté par MINES.CS, Kinshasa dénonce un « pillage » de ses ressources naturelles par le Rwanda et accuse l’UE de « complicité » :
« Tout en reconnaissant la souveraineté des parties signataires, le Gouvernement congolais dénonce ce Protocole qui, à l’évidence, encourage le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda et contrarie les engagements de l’Union Européenne», a souligné le document signé par le Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères.
Des accusations récurrentes
Kinshasa accuse Kigali de piller ses ressources naturelles depuis des années, via des réseaux mafieux et des sociétés écrans. Ces accusations ont déjà été corroborées par des enquêtes du Parlement congolais, des groupes d’experts de l’ONU et des ONG.
« (…) le Rwanda tire ses minerais et autres matières premières stratégiques de la République Démocratique du Congo qui en regorge en abondance», a insisté le gouvernement congolais.
Du côté des autorités congolaises, la crainte est désormais que ce protocole puisse « accentuer l’exploitation illicite des richesses naturelles du Congo » par le Rwanda dont la prospérité est fondée sur « cette activité criminelle » et de lui donner davantage « les moyens d’agresser » la République Démocratique du Congo, à travers des groupes armés terroristes tels que le Mouvement rebelle du 23 mars « M23 ».
Demande de clarification à l’UE
Face à ces accusations, le gouvernement congolais demande à l’UE de clarifier sa position. Il attend des autorités européennes « une clarification de ce comportement ambigu » et rappelle leur engagement à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC.
La RDC, qui souhaite une coopération plus étroite avec l’UE, considère son rapprochement avec le Rwanda à travers la signature de cet accord, « comme un acte très inamical » qui n’est pas de nature à favoriser la confiance mutuelle entre elle et la RDC.
À travers cette réaction, la RDC a menacé de reconsidérer ses relations avec l’Union européenne. L’opinion publique congolaise demande également plus d’actions de la part des partenaires de la RDC dans les efforts de lutter contre la guerre en vue de mettre fin à l’exploitation illégale des matières premières congolaises.