Dans les lieux de négoce de Lwisha dans le territoire de Kambove, sur l’axe routier Lubumbashi-Likasi, les creuseurs artisanaux s’affairent à vendre leurs minerais durement extraits. Mais derrière l’apparente activité se cache un système de commerce truqué qui les prive d’une grande partie de leurs revenus.
Selon l’enquête de MINES.CD, environ 70 à 80% des revenus que génèrent la production d’un creuseur artisanal, tombent soit dans les mains des services de l’État commis au contrôle des trafics des minerais, ou encore dans celles des négociants, sponsors et maisons de vente.
Des pratiques frauduleuses
Dans ces lieux de négoce de Lwisha où des dizaines voire des centaines de personnes s’adonnent à cette activité, des creuseurs artisanaux ont dénoncé les pratiques frauduleuses du processus de vente notamment le faux-poids, la manipulation des prix ou encore la présence d’intermédiaires multiples.
Selon les creuseurs, les négociants utilisent des balances truquées pour sous-estimer le poids des minerais, réduisant d’autant plus leurs rémunérations : « Par exemple, tu peux faire 10% de teneur, mais le metoresque indique 4% seulement, parce que tout est réglé de façon à casser les prix. Même quand les produits font 100%, ils affichent 60%», a témoigné un exploitant minier artisanal.
Profitant de leur manque d’informations sur les cours réels des marchés, des prix sensiblement bas sont imposés aux creuseurs qui n’ont souvent pas de moyens de contre-vérifier.
« Chacun affiche son prix selon la qualité et la quantité des produits (ndlr : minérais). Les services ne contrôlent pas le marché et ils ne s’occupent que de prendre leurs pourcentages. Les creuseurs sont alors abandonnés à leur triste sort» a expliqué, sous anonymat, un gérant d’un dépôt des minérais.
Les services de l’État au banc des accusés
Des responsables des sites miniers ont également révélé qu’une multitude d’intermédiaires s’approprient une part importante des profits, laissant peu aux creuseurs qui ont pourtant travaillé dur pour l’extraction des minerais.
Dans cette situation, les services de l’État sont accusés d’être « Gourmands », faisant payer le double voire le triple des taxes illégalement instaurées aux creuseurs les vidant de leurs revenus. Encore plus, c’est la pluralité de services qui est dénoncée.
« D’abord en premier, l’État qui nous prend de l’argent dans les bassins d’extraction, est le même qui vient encore en prendre quand nous arrivons ici. Il suffit de déposer les produits, ils sont à vos trousses », raconte un creuseur. Et d’ajouter: « Ils ont truqué le marché avec les acheteurs pour nous faire vendre moins cher que prévu. Et puis, tu ne peux pas te plaindre car ce sont eux qui contrôlent tout.»
De toute évidence, les maintient des creuseurs dans la pauvreté autour des mines artisanales et celles de concessions privées, les poussent dans une précarité sociale. Des comités locaux ont appelé au respect des droits des creuseurs artisanaux en tant que travailleurs afin de leur permettre d’accéder à un marché équitable.