Qui aurait cru que la province du Lualaba tant vantée par les journalistes de Kinshasa aurait plutôt un visage autre que celui présenté par ces derniers ? Lors d’une interview accordée mardi à Mines.cd, Patient Tshiteya Kajiko, un des militants du Mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA), a déploré la gestion minière de la province du Lualaba. Ses critiques ont porté aussi bien sur la problématique liée à la gestion de la redevance minière que sur la pollution de l’environnement. Certes, « il n’existe pas une exploitation minière au monde sans parler de la pollution ou de la dégradation de l’environnement. Aujourd’hui, cette dégradation qui entoure la province du Lualaba en général, et en particulier la ville de Kolwezi, nous cause un grand problème. Notre aire est polluée, de la poussière et de la fumée provenant des entreprises nous font souffrir. Pas de respiration saine. Et les communautés ne sont pas récompensées », a-t-il déploré.
Patient Tshiteka a en outre fustigé la gestion de la redevance minière dans la province du Lualaba : « On croyait que la redevance était un moyen pour récompenser les communautés locales. Malheureusement, nous ne le sentons pas dans la province du Lualaba. Chaque fois qu’il y a le rapport de l’ITIE, on vous parle de 30 à 50 millions de dollars, comme c’est le cas pour l’exercice 2020-2021 : de l’argent payé par les entreprises minières, pendant que les routes sont impraticables. Alors, qui bénéficie de cette somme d’argent ? En arrivant sur les entités territoriales décentralisées (ETD), il y a à boire et à manger ».
Selon cet activiste, il n’existe ni transparence, ni traçabilité de cet argent de la redevance. « Les autorités prennent cet argent comme si c’était pour leurs entreprises privées. Il n’existe même pas de transparence de traçabilité de cette redevance au Lualaba. On leur oblige d’afficher l’argent qu’ils reçoivent de la redevance mais, malheureusement, ils ne le font pas. C’est pour dire que la gestion de la redevance est chaotique dans la province du Lualaba », a-t-il dénoncé d’un ton ferme.
Communication sur le Lualaba justpour satisfaire Kinshasa
Selon Patient Tshiteya, la province du Lualaba peut aujourd’hui être vue sous deux visages : l’un qui satisfait Kinshasa et l’autre qui cache les vraies réalités que traverse la province, malgré son potentiel en ressources minières. « On peut vous construire une route et on transfère les images à Kinshasa. La capitale se contente uniquement des images envoyées au lieu de descendre sur terrain pour vérifier l’efficacité des travaux. Malheureusement, c’est la population qui est sacrifiée », explique-t-il.
Pour lui, « les autorités prennent leur part au détriment des Entités territoriales décentralisées (ETD). L’affection pose toujours un sérieux problème, ce qui fait qu’aujourd’hui, quand on construit 1 ou 2 routes en terre battue, les autorités mobilisent la presse pour faire simplement du tapage, alors que rien ne marche, rien n’est palpable dans la province du Lualaba ».
Le Lualaba entretient d’importantes activités minières du cuivre et du cobalt. Avec la présence des entreprises telles que la Gecamines et ses partenaires KCC, TKM, Kamoa, MUMI, Sicomines, COMUS et Boss Mining, le secteur minier apporte 60% à la production locale.
Qu’à cela ne tienne, le Lualaba continue de faire face à plusieurs défis, notamment la pollution par des entreprises minières, le manque d’infrastructures adéquates, l’absence de la compensation des communautés impactées et la mauvaise gestion de la redevance minière.