L’exploitation artisanale du cobalt en République démocratique du Congo, principal pays producteur de ce minerai stratégique, a enregistré une baisse historique de 2 % en 2024, selon un rapport du Cobalt Institute consulté par Mines.cd. Une chute qui s’explique par plusieurs facteurs structurels, parmi lesquels la chute prolongée des prix, la montée en puissance de l’exploitation industrielle dans le pays, et les efforts croissants de formalisation du secteur artisanal.
Une perte de part de marché durable
Le rapport précise que la RDC ne devrait pas retrouver à court terme sa part de marché antérieure dans le secteur artisanal, dominé aujourd’hui par les grandes compagnies minières opérant dans un cadre plus formel et certifié. Cette situation illustre un déséquilibre croissant entre l’exploitation artisanale et industrielle, au détriment de la première.
Des avancées dans la protection environnementale
Le Cobalt Institute souligne cependant les progrès significatifs réalisés par le gouvernement congolais, en collaboration avec des partenaires internationaux, pour atténuer les impacts environnementaux, sociaux et sécuritaires liés à l’exploitation artisanale.
« Le gouvernement de la RDC a pris des mesures concrètes pour intégrer les mineurs artisanaux au marché mondial du cobalt et favoriser un approvisionnement plus responsable », note le rapport.
Une industrie minière mieux encadrée
La majorité de la production industrielle congolaise, notamment les mines TFM (CMOC), KCC et Mutanda (Glencore), est désormais encadrée par des normes internationales de certification telles que Copper Mark et l’Initiative pour des Minéraux Responsables (RMI). En 2024, 82 % du cobalt raffiné mondial était d’ailleurs certifié par la RMI.
Le marché du cobalt reste en croissance
Malgré cette baisse de l’artisanat minier, la demande mondiale en cobalt poursuit sa croissance, stimulée par le développement des batteries pour véhicules électriques, de l’électronique et des superalliages pour l’aviation et la défense.
« Si le marché reste actuellement en excédent structurel, celui-ci devrait s’estomper au fil des années pour devenir déficitaire dès le début des années 2030 », prévient le Cobalt Institute.
Cette perspective renforce la nécessité d’organiser des chaînes d’approvisionnement fiables et responsables, afin de sécuriser l’accès à ce minéral critique indispensable à la transition énergétique mondiale.
Un secteur artisanal toujours en crise
En RDC, l’exploitation artisanale du cobalt reste confrontée à une multitude de défis : insécurité, exploitation humaine, pollution, corruption, déplacements forcés, et violations des droits du travail. Bien que des tentatives de régulation soient en cours, le secteur reste largement informel et marqué par des dérives, tant au nord qu’au sud du pays.
Daniel Bawuna