La 31ᵉ édition de Mining Indaba, le plus grand forum dédié à l’industrie minière africaine, a ouvert ses portes ce lundi 3 février 2025 à Cape Town, en Afrique du Sud. Cette rencontre réunit des acteurs clés du secteur : investisseurs, entreprises minières, gouvernements, organisations internationales et experts de l’industrie. L’objectif : explorer les enjeux et opportunités liés à l’exploitation des ressources minières en Afrique, tout en mettant l’accent sur des stratégies durables et inclusives.
Dès cette première journée, plusieurs thématiques majeures ont émergé, allant de la finance durable aux défis environnementaux, en passant par la valorisation locale des ressources.
Un secteur minier en quête de transformation
L’Afrique est riche en ressources minières stratégiques, mais leur exploitation a longtemps été marquée par des défis économiques, environnementaux et sociaux. Lors des premières discussions, un consensus s’est dégagé : le secteur minier doit évoluer vers des pratiques plus durables et responsables.
Le Ministre sud-africain des Mines et de l’Énergie, Gwede Mantashe, a insisté sur l’importance d’un cadre réglementaire stable et attractif pour les investisseurs. Il a également souligné la nécessité d’une meilleure intégration des communautés locales dans le développement du secteur minier afin d’assurer des retombées économiques plus équitables.
Investissements responsables et finance durable
L’un des points forts de cette journée a été l’intervention de la Commission mondiale des investisseurs sur l’exploitation minière 2030. Cette entité a rappelé l’urgence d’adopter des mécanismes de financement durable, prenant en compte la gouvernance, l’impact social et la protection de l’environnement.
Parmi les recommandations mises en avant :
- Établir des fonds d’investissement verts pour financer des projets miniers respectueux de l’environnement;
- Renforcer la transparence dans l’utilisation des ressources financières pour éviter la corruption;
- Favoriser des modèles de partenariat public-privé pour garantir une répartition plus équitable des bénéfices.
La transition énergétique et les défis climatiques
Le changement climatique constitue une menace majeure pour les communautés minières. Les experts réunis à Mining Indaba ont insisté sur l’urgence de réduire l’empreinte carbone du secteur. Plusieurs solutions innovantes ont été présentées :
- Recyclage des eaux usées pour minimiser l’impact sur les ressources locales;
- Utilisation accrue des énergies renouvelables pour alimenter les sites miniers;
- Reboisement systématique des terres exploitées pour restaurer les écosystèmes;
Ces initiatives visent à aligner le secteur minier africain avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, tout en garantissant une exploitation plus respectueuse des populations locales.
La ruée vers les minéraux critiques : un enjeu géopolitique
Avec la transition énergétique mondiale, les minéraux critiques (cobalt, lithium, cuivre, nickel) sont devenus des ressources stratégiques. L’Afrique, qui détient une part importante de ces réserves, cherche à mieux valoriser ses ressources et à renforcer son poids dans la chaîne de valeur mondiale.
Le sommet intergouvernemental organisé durant cette première journée a mis en avant plusieurs axes stratégiques :
- Négocier des accords commerciaux plus équitables avec les grandes puissances économiques;
- Encourager la transformation locale des minerais plutôt que leur simple exportation brute;
- Investir dans la formation des talents locaux pour éviter une dépendance aux compétences étrangères.
Le président de la Chambre des Mines du Botswana a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’un front uni des nations africaines pour garantir une meilleure redistribution des richesses minières sur le continent.
Maximiser la valeur ajoutée locale
Un atelier consacré aux industries de transformation a mis en évidence les lacunes du continent en matière de valorisation locale. Alors que l’Afrique détient environ 30 % des réserves mondiales de minéraux stratégiques, la majorité de ces ressources est encore exportée à l’état brut.
Pour changer la donne, plusieurs pistes ont été avancées :
- Développer des usines de raffinage et de transformation en Afrique;
- Encourager les partenariats avec des entreprises locales pour maximiser l’impact économique;
- Instaurer des incitations fiscales pour attirer des investissements dans le secteur manufacturier.
L’Afrique du Sud, qui dispose déjà d’un écosystème minier avancé, pourrait servir de modèle pour d’autres pays du continent en matière de transformation locale.
En clôturant cette première journée de Mining Indaba 2025, les participants ont convenu que l’Afrique détient les clés de son propre développement minier. Toutefois, plusieurs défis restent à relever : l’instabilité politique, la corruption, l’accès limité aux financements et la protection des droits des communautés locales.
Les prochains jours du forum devraient approfondir ces problématiques et proposer des stratégies concrètes pour transformer le secteur minier africain en un moteur de croissance durable et inclusive.
Junior Ngandu