À l’approche de l’échéance du 22 juin 2025, marquant la fin de la suspension de quatre mois sur l’exportation du cobalt décrétée par le gouvernement congolais, la plateforme CASMIA-G ASBL, qui regroupe des organisations de la société civile actives dans la gestion des ressources naturelles, interpelle les autorités nationales.
Dans un communiqué publié ce 2 juin, dont une copie est parvenue à MINES.CD, l’organisation demande des éclaircissements urgents sur les résultats obtenus depuis l’instauration de cette mesure et appelle à une communication claire sur la stratégie post-suspension.
Une mesure aux objectifs ambitieux… mais quels résultats ?
En février dernier, l’Autorité de régulation de contrôle des marchés de substances minérales stratégiques (ARECOMS) avait justifié cette suspension par la nécessité de :
- réguler l’approvisionnement mondial,
- maîtriser la chaîne de valeur du cobalt,
- et maximiser les revenus de l’État congolais.
Cependant, avant l’échéance, CASMIA-G ASBL estime qu’il est temps de dresser un premier bilan.
Transparence exigée : trois questions posées au gouvernement
La plateforme de la société civile exhorte le ministère des Mines à répondre publiquement à plusieurs préoccupations majeures :
- Quel a été l’impact réel de la suspension ?
Quelles sont les retombées concrètes de cette décision sur les stocks mondiaux de cobalt ? - Quels dispositifs de régulation sont en place ?
Quelles mesures concrètes le gouvernement entend-il appliquer pour contrôler la production et l’exportation du cobalt après le 22 juin ? - Qu’en est-il de la valorisation locale ?
Quelles initiatives ont été entreprises pour promouvoir le traitement local du cobalt et favoriser une plus grande valeur ajoutée dans le pays ?
Vers une levée encadrée et responsable de la suspension
Pour CASMIA-G ASBL, la levée de la suspension le 22 juin est impérative, mais elle doit s’accompagner de l’instauration de quotas d’exportation pour toutes les entreprises concernées. L’organisation estime qu’un encadrement strict est indispensable pour éviter un retour à une situation de désordre et de manque à gagner pour l’État.
Elle plaide aussi pour que le gouvernement congolais investisse dans la création d’usines locales de transformation des minerais. Selon la plateforme, les moyens financiers existent, mais la volonté politique doit suivre pour garantir la souveraineté minière du pays.
Enfin, CASMIA-G ASBL appelle les entreprises exportatrices de cobalt à faire preuve de souplesse dans leurs négociations avec l’État, en vue d’un partenariat équilibré. L’objectif : aboutir à un consensus mutuellement bénéfique pour les opérateurs économiques, le gouvernement et surtout les communautés locales, premières victimes des inégalités du système actuel.
Pierre Kabakila