L’ancien chef de la MONUSCO, Martin Kobler, a dénoncé le rôle du Rwanda dans l’exportation illégale du coltan congolais, appelant à des sanctions économiques contre Kigali. Dans une interview accordée à la radio allemande Deutsche Welle (DW) ce mardi, il a affirmé que le Rwanda, premier exportateur mondial de coltan, mélange sa faible production locale avec du minerai pillé en République démocratique du Congo (RDC).
Un commerce illégal sous label « Made in Rwanda »
« Le Rwanda ne produit que 30 % du coltan qu’il exporte. Pourtant, il bénéficie du label ‘Made in Rwanda’. Ça doit cesser. La RDC détient près de 80 % des réserves mondiales de coltan », a déclaré Martin Kobler. Il a plaidé pour une action internationale afin de mettre un terme à ce commerce frauduleux.
Selon un rapport des Nations unies publié en juin 2024, plusieurs groupes armés, dont le M23 et la PARECO-FF, contrôlent des sites miniers en RDC et facilitent le transport du coltan vers le Rwanda. Le document indique que les exportations rwandaises de ce minerai ont augmenté de 50 % en 2023, un chiffre jugé suspect compte tenu des capacités de production du pays.
Des sanctions économiques contre Kigali
Face à cette situation, Martin Kobler exhorte l’Europe à adopter une réponse coordonnée. Il soutient la décision de l’Allemagne de suspendre ses consultations sur l’aide au Rwanda et demande une action collective.
« Ce problème ne sera pas résolu si seule l’Allemagne prend des mesures, tandis que la France, la Belgique ou le Royaume-Uni continuent de soutenir Kigali. Il faut une approche commune pour faire pression sur le Rwanda et stopper cette exploitation illégale », a-t-il insisté.
L’appel de Martin Kobler intervient alors que la tension entre Kinshasa et Kigali ne cesse de s’intensifier, la RDC accusant le Rwanda de soutenir les groupes armés à l’est du pays pour contrôler ses ressources minières.
Pierre Kabakila