La République démocratique du Congo pourrait bientôt voir naître un projet industriel majeur dans le secteur du coltan, minerai essentiel pour l’électronique et l’industrie de la défense. Le groupe suisse Mercuria et le fonds d’investissement américain TechMet envisagent de moderniser l’extraction et le traitement du tantale à Rubaya, une localité du Nord-Kivu réputée pour la richesse de ses gisements, rapporte Bloomberg.
Pour l’instant, note la même source, les discussions restent préliminaires, et aucun contact officiel n’a encore été établi avec le gouvernement congolais. Kinshasa, qui souhaite attirer des investisseurs proches des États-Unis, voit dans ce projet un moyen de stimuler l’économie tout en favorisant un retour à la paix.
Une mine stratégique, mais sous contrôle rebelle
Rubaya est actuellement sous la mainmise du M23, un groupe armé accusé par les Nations Unies et les États-Unis de recevoir un soutien extérieur. Cette situation empêche toute exploitation industrielle et sécurisée de la mine.
La concession appartient légalement à la société publique SAKIMA (Société Aurifère du Kivu et du Maniema), mais l’entreprise ne peut pas intervenir sur le terrain et se trouve également engagée dans un litige judiciaire avec d’autres acteurs locaux revendiquant les droits miniers de la zone.
La paix comme condition préalable
Pour que le projet aboutisse, la région doit retrouver la stabilité. Washington joue un rôle actif dans la médiation entre la RDC et le Rwanda afin de sécuriser cette partie de l’Est du pays. La concrétisation du projet de Rubaya dépend donc directement de l’issue de ces négociations de paix.
Un potentiel économique et stratégique
Le tantale extrait à Rubaya est un minerai très convoité, utilisé dans l’électronique, l’aéronautique et la défense. Selon l’USGS, la RDC et le Rwanda représentent près de 60 % de la production mondiale. Cependant, l’exploitation artisanale reste majoritaire, souvent dangereuse, et limite la mise en place d’une industrie moderne.
TechMet, déjà actif dans le secteur des minerais 3T (étain, tungstène, tantale) en Afrique centrale, et Mercuria, spécialisée dans le négoce de métaux stratégiques, pourraient transformer cette exploitation si la stabilité et la sécurité sont rétablies.
À ce jour, Mercuria, TechMet et SAKIMA n’ont pas souhaité commenter, et le ministère congolais des Mines ainsi que le département d’État américain n’ont pas répondu aux sollicitations.
Pierre Kabakila




