Riche en gisements d’or et en diverses matières premières, le territoire de Mambasa continue paradoxalement de sombrer dans un profond sous-développement, malgré l’intense activité minière qui y est menée. Une situation que dénonce avec vigueur la société civile locale.
Alors que le Code minier garantit aux entités territoriales touchées par l’exploitation le droit de percevoir 0,3 % du chiffre d’affaires des entreprises extractives pour financer des infrastructures de base, rien n’a été fait à Mambasa.
Aucune route, aucune école, aucune structure sanitaire, aucun projet de jeunesse n’a vu le jour grâce à ces revenus pourtant considérables.
« Cette exploitation ne profite pas à la population locale. Elle est complètement inutile pour nous. Seuls les étrangers en tirent profit. Les routes sont délabrées, aucune infrastructure n’est construite », fustige Rams Malikidogo, coordonnateur de la CRDH–Mambasa.
Une exploitation aux conséquences environnementales inquiétantes
Plus qu’un manque de retombées locales, l’exploitation minière aggrave également la dégradation environnementale, déplore la société civile.
« Il suffit qu’un gisement soit identifié dans un champ pour que les sociétés détruisent les cultures des riverains. Elles rasent des forêts entières, polluent l’air, et ce sont les habitants qui en paient le prix », souligne Rams Malikidogo.
Un appel pressant à une réglementation ferme
Face à cette situation, la société civile appelle l’État congolais à reprendre le contrôle du secteur minier dans cette partie de l’Ituri.
Selon Rams Malikidogo, une meilleure réglementation permettrait non seulement de garantir des retombées économiques pour les communautés locales, mais aussi de réduire la prolifération des groupes armés, souvent alimentés par des jeunes marginalisés et privés d’opportunités.
« Il faut une réglementation stricte pour que l’exploitation profite à tous. Cela réduirait aussi la création de groupes armés, souvent nés de cette exclusion économique », insiste-t-il.
Les orpailleurs locaux, grands perdants du système
Autre point de tension : la montée de l’exploitation industrielle menée par des entreprises étrangères, qui écarte progressivement les exploitants artisanaux locaux, les privant ainsi de leur principale source de revenus.
« Les orpailleurs ne profitent plus de l’or de Mambasa. Cela crée un chômage indescriptible et renforce le banditisme », regrette le défenseur des droits humains.
En somme, la situation de Mambasa illustre de manière flagrante l’exclusion des populations locales du bénéfice des ressources minières. Elle met également en lumière l’insuffisance du contrôle étatique et le non-respect des clauses convenues entre l’État et les compagnies minières.
Azarias Mokonzi




