Le secteur minier de Misisi, dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu), est une nouvelle fois endeuillé. Deux creuseurs artisanaux ont trouvé la mort, lundi 22 décembre 2025, à la suite de l’éboulement d’un puits d’or, mettant en lumière les conditions de travail extrêmement précaires qui persistent dans cette zone aurifère de la République démocratique du Congo.
Selon des sources locales, l’accident s’est produit en pleine journée. L’éboulement a provoqué une infiltration soudaine et massive d’eau à l’intérieur de la galerie souterraine. Pris au piège, les deux mineurs n’ont pas survécu à la montée rapide des eaux, succombant à une asphyxie causée par la raréfaction de l’oxygène dans le puits.
Le bilan aurait pu être plus lourd. Lors des tentatives de sauvetage menées de manière improvisée par d’autres creuseurs présents sur le site, trois personnes ont été grièvement blessées. Elles ont été évacuées en urgence vers une structure sanitaire locale pour y recevoir des soins intensifs.
« L’eau est arrivée avec une rapidité surprenante. Nous avons essayé de les extraire, mais le manque d’air rendait toute intervention extrêmement dangereuse », témoigne un rescapé.
Les pluies diluviennes en cause
Ce nouveau drame s’inscrit dans une série d’accidents récurrents dans le secteur minier de Misisi. Les fortes pluies qui s’abattent actuellement sur le territoire de Fizi fragilisent les sols et augmentent la pression hydrostatique dans des puits artisanaux généralement dépourvus de soutènements adéquats. Quelques jours auparavant, un autre décès lié à un manque d’oxygène avait déjà été signalé dans la même zone.
En cette saison pluvieuse, les risques d’éboulement et d’inondation des galeries sont multipliés, transformant chaque descente au fond du puits en une opération à haut risque. Les dispositifs de sécurité y demeurent largement insuffisants, voire inexistants.
Appels à la régulation et à la fermeture des sites dangereux
Face à la répétition de ces tragédies, l’émotion cède progressivement la place à l’indignation au sein de la société civile locale. Le président des propriétaires de puits de Misisi a appelé les creuseurs à faire preuve de vigilance et à suspendre temporairement les activités dans les zones les plus exposées durant la saison des pluies.
De son côté, la société civile interpelle les services étatiques compétents, en particulier le Service d’Assistance et d’Encadrement des Mines Artisanales et de Petite Échelle (SAEMAPE), afin qu’ils assument pleinement leurs responsabilités. Elle recommande notamment : un contrôle rigoureux et régulier des sites miniers ; la fermeture administrative immédiate des puits jugés dangereux ou non conformes ; la formation et la sensibilisation des creuseurs aux techniques d’étayage et aux gestes de premiers secours.
Ce nouvel accident rappelle, une fois de plus, l’urgence d’une réforme en profondeur de l’exploitation minière artisanale au Sud-Kivu, afin que la quête de l’or ne continue plus de coûter la vie à la jeunesse de Fizi.
Azarias Mokonzi




