Dans une déclaration percutante qui suscite une vive réaction sur les réseaux sociaux, Monseigneur Fulgence Muteba, président de la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et archevêque métropolitain de Lubumbashi, a lancé un avertissement sévère contre ce qu’il qualifie de « bradage » des ressources minières du pays. Cette sortie a été faite à l’occasion de la célébration de la fête de Noël 2025.
Adoptant un ton particulièrement ferme, le prélat a dénoncé ce qu’il considère comme de « fausses amitiés » et des accords de coopération déséquilibrés, conclus au détriment des intérêts nationaux et des générations futures.
« Il est inimaginable de gager ou de brader les minerais de toute une nation pour sauver un régime ou un système politique. Êtes-vous au courant qu’on a signé un accord de 99 ans d’exploitation ? », a-t-il lancé, provoquant une onde de choc dans l’opinion publique.
Cette déclaration intervient dans un contexte de vives tensions autour de la gouvernance des ressources naturelles en RDC, premier producteur mondial de cobalt et de coltan, des minerais stratégiques au cœur de la transition énergétique mondiale.
Les ressources minières représentent plus de 70 % des exportations congolaises. Pourtant, leur exploitation reste régulièrement critiquée pour son manque de transparence, ses impacts environnementaux et sociaux, ainsi que pour les soupçons persistants de corruption.
En évoquant un supposé « accord de 99 ans », dont les détails n’ont pas encore été rendus publics, Monseigneur Fulgence Muteba semble alerter sur des engagements à long terme susceptibles d’hypothéquer la souveraineté économique du pays. Depuis plusieurs mois, le gouvernement congolais est en pourparlers avec des investisseurs étrangers — principalement les américains, pour l’octroi de concessions minières.
Pour l’archevêque métropolitain de Lubumbashi, une telle orientation reviendrait à « vendre à vil prix » les richesses nationales, au profit d’intérêts politiques ou économiques immédiats, au détriment du bien commun.
Cette prise de position s’inscrit dans la continuité de l’engagement historique de l’Église catholique en RDC en faveur de la justice sociale et de la bonne gouvernance. Monseigneur Fulgence Muteba s’est illustré à plusieurs reprises par ses dénonciations du pillage des ressources minières dans le Haut-Katanga et le Lualaba, par son plaidoyer pour une gestion équitable des richesses nationales.
Face aux enjeux de l’heure, cet appel pourrait relancer le débat national sur l’efficacité du Code minier révisé en 2018, souvent jugé insuffisant pour garantir une redistribution équitable des bénéfices miniers.
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle des autorités congolaises n’a été enregistrée pour répondre aux allégations soulevées par le prélat, laissant l’opinion nationale et internationale dans l’attente de clarifications.
Daniel Bawuna




