Alors que son pays, la République démocratique du Congo, est confronté au vieux démon des groupes armés qui pullulent et pillent ses ressources minières, le Président congolais – menaçant d’aller en guerre contre le pays de Kagame – accuse le Rwanda voisin de tirer dividendes dans l’insécurité qui prévaut principalement dans la partie Est du pays. Le Rwanda, soutient Félix Tshisekedi, veut profiter de la vaste richesse minérale de son pays, qui comprend l’or et certains des plus grands gisements de coltan au monde, qui est utilisé dans les appareils électroniques.
« Le Rwanda a des intérêts économiques acquis illicites en RDC », a déclaré à Financial Times, Tshisekedi avant d’ajouter que « tant que l’ordre ne sera pas rétabli dans l’est de la RDC, tant que l’anarchie et l’insécurité prévaudront, le Rwanda en profitera ».
Le Trésor américain a déclaré en mars que « plus de 90% de l’or de la RDC est passé en contrebande vers les États de la région », y compris le Rwanda, où il est souvent raffiné et exporté vers les marchés mondiaux. « Dans l’est de la RDC, où il y a environ 130 groupes armés actifs, le commerce de l’or est un facteur majeur de conflit », a-t-il ajouté.
L’or congolais pillé par les rebelles
Dans le territoire de Fizi – situé sur la route nationale RN 5 à 248 km au sud du chef-lieu provincial Bukavu –, au Sud-Kivu, les Maï-Maï Yakutumba et les membres de la CNPSC ont travaillé aux côtés de réseaux criminels de négociants non déclarés et ont tiré profit de l’exploitation, du commerce et de la taxation illicite de l’or, apprend MINES.CD des sources proches du Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Dans leur correspondance adressée au Président du Conseil de sécurité des NU, le Groupe d’experts onusiens sur la République démocratique du Congo note que les Maï-Maï Yakutumba contrôlaient les mines d’or de Makungu, Kuwa et Mitondo situées autour de la ville de Misisi. En décembre 2021, « le groupe armé a forcé les autorités gouvernementales à quitter la mine de Mitondo et a nommé une administration parallèle pour gouverner la mine. Les combattants des Maï-Maï Yakutumba y ont exploité les mines et prélevé une taxe hebdomadaire sur les 120 à 150 creuseurs du site, qui produisaient chacun entre 1 et 2 grammes d’or par semaine », lit-on.
Les Maï-Maï Yakutumba avaient en outre la mainmise sur l’activité d’autres mines autour de Mitondo, des membres de la CNPSC contrôlant les routes qui menaient aux sites miniers des Hauts-Plateaux, notamment celle reliant à Misisi à Uvira. Ils contrôlaient également de vastes tronçons de la route allant de Misisi à Baraka, qui était utilisée par des contrebandiers travaillant à leurs côtés pour transporter l’or depuis les mines de Misisi et ses environs.