Au cœur d’un scandale de corruption, trafic d’influence et bradage des minerais, le désormais ex-conseiller en charge des questions stratégiques du Président congolais vient de passer sa première nuit à la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Initialement convoqué par la justice congolaise pour être entendu sur le contenu de sa vidéo compromettante échangeant avec des prétendus investisseurs, le magistrat instructeur a décidé sa détention pour cause des infractions de blanchiment d’argent, financement du terrorisme, achat d’armes, trafic d’influence, etc.
L’étau se resserre donc autour de Vidiye Tshimanga. Interrogé conjointement par un magistrat instructeur et l’agence pour la prévention et la lutte contre la corruption, l’audition fleuve de M. Tshimanga a duré 7 heures du temps au parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa-Gombe.
Cette nouvelle donne s’ajoute au moment où plusieurs rapports révèlent que les groupes armés sont alimentés par l’exploitation illicite des minerais. La coalition des organisations de la société civile de l’Ituri et du Haut-Uélé pour la gouvernance des ressources naturelles, a dans un rapport publié en août dernier, décrié le fait que près de la moitié des sites miniers dans la partie Est du pays serait contrôlé par des groupes armés au détriment de l’État congolais, qui perd plusieurs millions de dollars.
Ces organisations de la société civile déplorent entre autre, la mainmise des groupes armés sur l’exploitation minière à l’Est, mais également l’activisme de ces derniers, qui continuent à intensifier sa présence dans des zones minières, sous les yeux des autorités politico- administratives et sécuritaires.
« Le fait de laisser ces groupes armés opérer et exploiter de l’or constituerait un signe de sabotage de l’autorité de l’Etat, comme quoi ces groupes diraient l’Etat congolais n’existe pas », ont-elles déploré dans ce rapport.
Pour sa part, Jimmy Munguriek, membre du Comité exécutif de l’ITIE-RDC, s’interrogeait sur la responsabilité des autorités pour mettre fin à l’occupation des groupes armés dans les sites miniers d’exploitation d’or, d’autant plus qu’il y aurait des complicités dans leurs rangs.
« On peut conclure qu’il y a un réseau qui impliquerait différents niveaux. Il y a dans ce réseau de personnel de l’administration, c’est une présomption. Parce qu’on ne peut pas comprendre que la loi prévoit tous les services qui doivent se retrouver sur la chaîne d’approvisionnement en minerais et qu’ils ignorent tous ce qui se passe réellement. Voilà pourquoi vous remarquerez que nous sommes en train de dénoncer l’exploitation illégale en présences de tous ces services. Est-ce qu’il faut penser à une complicité de ces services ? Faut-il penser à l’innocence de ces services ? C’est pour cela nous avons demandé aux ministères de chercher à connaître la responsabilité de leurs agents sur terrain par rapport à tout ce qui se passe », s’est-il interrogé.
Pour rappel, Vidiyé Tshimanga est éclaboussé dans une affaire de corruption et trafic d’influence dans l’acquisition des licences minières pour les investisseurs en échange d’une participation dans une coentreprise, le désormais ex-conseiller de Tshisekedi avait rendu rendu le tablier afin d’avoir toute la liberté de dénoncer et lever le voile sur les commanditaires de ce qu’il qualifie de « machination » et ainsi démontrer, preuves à l’appui, les manipulations et détournements de ses propos. Il avait évoqué aussi une voie d’éthique face au scandale le concernant.
Dans l’une des vidéos publiée par Le TEMPS, Vidiye Tshimanga propose aux investisseurs de s’associer avec sa société congolaise, la COBAMIN. « Avec Ivanhoe, ils ont 80%, j’en ai 20. Mes 20% sont divisés en deux, donc vous avez 10%, c’est COBAMIN, ma société. Les autres 10%, parce que dans la loi minière, vous avez l’obligation d’avoir une personne congolaise dans la société… Cette personne congolaise est quelqu’un que nous avons choisi », a-t-il révélé.
Dans sa version, Vidiye Tshimanga a expliqué que le contenu entier de l’enregistrement rendu public aurait été saucissonné et sorti de son contexte.