Cible de plusieurs sanctions – américaine et européenne – pour ses activités minières principalement en République démocratique du Congo, le magnat Dan Gertler continue d’être d’actualité. Alors que des ONGs locales et internationales semblent être déterminées pour un renforcement de sanctions contre ce milliardaire israélien – soupçonné notamment de corruption – le Président congolais plaide plutôt pour une levée totale des mesures restrictives dont il fait objet depuis bien d’années.
Le lundi 03 avril, cette affaire a de nouveau défrayé la chronique après la publication d’une correspondance du Président congolais Félix Tshisekedi, datée du 5 mai 2022, adressée à son homologue Joe Biden pour demander la sécession de sanctions contre Gertler.
Selon The New-York Times, malgré les accusations américaines, entre autres du pillage des ressources naturelles, qui pèsent contre l’homme d’affaires israélien, le Président congolais est directement intervenu auprès de son homologue américain, Joe Biden, demandant au département du Trésor américain d’annuler ses décisions contre Dan Gertler.
« La République démocratique du Congo n’a plus de griefs contre M. Gertler et son groupe », a confié à Joe Biden, Félix-Antoine Tshisekedi dans sa « missive » consultée par la rédaction de MINES.CD.
Pour le média américain, la façon dont Dan Gertler a réussi à « enrôler le Président congolais, que les responsables américains ont célébré pour ses efforts pour lutter contre la corruption généralisée depuis son entrée en fonction en 2019 », est une illustration de la « tentative » déterminée du milliardaire de lever un ensemble de sanctions qui interdit aux entreprises ayant des liens avec les États-Unis de faire des affaires avec lui.
Restitution des droits d’exploitation minière et de forage pétrolier
Les efforts de lobbying de Félix-Antoine Tshisekedi sont venus après que Dan Gertler a accepté de retourner au Congo des droits d’exploitation minière et de forage pétrolier d’une valeur estimée à 2 milliards de dollars américains garantis au cours des deux dernières décennies.
En échange, le gouvernement de la République démocratique du Congo a accepté de payer 260 millions de dollars américains aux entreprises de l’homme d’affaires israélien et de l’aider à faire pression sur les États-Unis pour que « les sanctions soient révoquées, selon l’accord avec Dan Gertler ».
Et cette décision devait permettre à la République démocratique du Congo de revendre les droits miniers à des nouveaux investisseurs.
Le combat entre Gertler et les ONGs
« Les termes du règlement sont sans précédent et, à tout avis, devraient être accueillis positivement – même par mes détracteurs », écrivait Dan Gertler dans une lettre en mars à une vingtaine de groupes de défense des droits de l’homme congolais et internationaux.
Mais les militants des droits de l’homme ont affirmé que « l’accord n’est guère une bonne affaire pour le Congo et que Dan Gertler a toujours le droit de percevoir potentiellement des dizaines de millions de dollars américains par an » en redevances sur les mines de cuivre et de cobalt dans le pays.
« Loin de payer une conséquence appropriée pour ses actions, M. Gertler continuera à percevoir en moyenne 200 000 dollars américains par jour en redevances de ces trois projets miniers très lucratifs pendant au moins une autre décennie », ont déclaré des groupes de défense des droits humains dans une lettre envoyée au mois de mars de l’année en cours, au secrétaire d’État, Antony Blinken et la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, les exhortant à maintenir les sanctions.
Pour sa part, le département d’État américain a indiqué dans une déclaration faite récemment, se référant à la République démocratique du Congo, que les États-Unis « continueraient à exhorter la République démocratique du Congo à s’attaquer à la corruption et aux inefficacités réglementaires qui affligent l’environnement opérationnel des entreprises afin d’attirer des investissements étrangers plus responsables ».
Lever les sanctions pour attirer les investisseurs internationaux
S’inquiétant des sanctions qui pèsent sur Dan Gertler, les autorités congolaises ont déclaré que le pays n’était pas « entièrement juridiquement sûr de vendre les droits miniers qui lui appartenaient » et la levée de ces mesures restrictives va certainement « aider » à « attirer » des investisseurs internationaux.
Les choix dont se présente Joe Biden et ses assistants reflètent la complexité de longue date des relations américaines avec la République démocratique du Congo, qui est l’une des nations les plus riches du monde en termes d’extraordinaire richesse minérale. Pourtant, c’est aussi l’un des plus pauvres, avec au moins 60 % de la population vivant dans l’extrême pauvreté.
Intensification des engagements américains en RDC
Au moment où les questions climatiques sont devenues une partie importante et capitale du programme de l’administration Biden, les responsables américains ont également intensifié leur engagement avec la République démocratique du Congo, en « essayant de contester le rôle dominant de la Chine » en tant qu’investisseur étranger dans le secteur minier au cours des dernières décennies.
Pour rappel, les hauts responsables du cabinet Biden ont fait un tour en République démocratique du Congo, apportant des millions de dollars américains de subventions et d’assistance technique pour faire respecter les lois du travail.
Récemment, les États-Unis ont signé un accord avec la République démocratique du Congo et la Zambie en décembre 2022 pour la création d’une usine de batteries de véhicules électriques, un développement notable pour l’Afrique qui exporte généralement des métaux pour la transformation.
Monge Junior Diama