Au cours de la récente conférence clé de l’industrie tenue la semaine dernière, les différents dirigeants et analystes ont révélé que l’envie mondiale grandissante pour l’obtention du cuivre – qui intervient dans la construction de la plupart des appareils électroniques – dépassera l’offre tout au long de la décennie à venir et par conséquent, elle devra mettre en péril les objectifs climatiques à moins que des dizaines de nouvelles mines ne soient construites.
Ces prévisions des dirigeants et analystes mondiaux, ont clairement démontré la tension grandissante sur « où et comment le monde peut se procurer des métaux pour la transition énergétique verte », mais également le cuivre, l’un des meilleurs métaux conducteurs d’électricité souvent utilisé dans les moteurs, les batteries et le câblage.
« Si nous n’avons pas assez de cuivre, cela pourrait sérieusement court-circuiter la transition énergétique », déclarait le Président Directeur général du négociant en métaux Trafigura AG, Jeremy Weir, lors de la World Copper Conference, le plus grand rassemblement de l’industrie depuis 2019.
Selon les données publiées cette semaine par l’International Copper Association (ICA) – une entreprise commerciale du secteur groupe – alors que l’offre mondiale devrait bondir de 26 % pour atteindre 38,5 millions de tonnes par an d’ici 2035, elle sera probablement inférieure de 1,7 % à la demande, même avec un recyclage accru.
« Il n’y a aucun moyen pour le monde de respecter les termes de l’accord de Paris sur le climat si nous n’augmentons pas l’offre de cuivre et d’autres métaux », Joshua Meyer du fabricant d’équipements miniers FLSmidth, faisant référence à l’accord sur le climat qui vise de limiter les émissions de gaz à effet de serre en maintenant la hausse de la température mondiale « bien en dessous » de 2,0 degrés Celsius au cours de ce siècle.
Pour Goldman Sachs, l’approbation réglementaire pour les nouvelles mines de cuivre est tombée au plus bas depuis une décennie, alors qu’en même temps ceci représente « un signe avant-coureur inquiétant car les mines mettent souvent 10 à 20 ans pour autoriser et construire ».
Goldman a fait savoir qu’il s’attend à ce que la demande croissante de cuivre fasse grimper les prix à 15 000 dollars américains la tonne d’ici 2025, soit 67 % au-dessus des niveaux actuels.
« Une grande partie de la nouvelle demande devrait provenir des véhicules électriques, qui sont construits avec beaucoup plus de cuivre que les moteurs à combustion interne. Mais sans suffisamment de cuivre, les fabricants de véhicules électriques pourraient en utiliser moins que prévu ou même se tourner vers l’aluminium, ont averti les analystes », a expliqué la même source.
En outre, l’aluminium est plus léger et moins cher que le cuivre mais plus corrosif et cassant et seulement environ 60% comme conducteur. L’ICA a récemment déclaré que cela pourrait être « une alternative acceptable dans certaines applications », y compris le câblage des éoliennes offshore et certains véhicules électriques.
« La demande de cuivre est là. Ce qui, à mon avis, a un impact potentiel, c’est le manque d’approvisionnement […] En l’absence d’approvisionnement, nous verrons une substitution », a déclaré Rag Udd de BHP Group Ltd, qui exploite la plus grande mine de cuivre au monde dans le désert chilien d’Atacama.
Au micro du média britannique Reuters, le Président Directeur général du groupe commercial Aluminium Association, Charles Johnson, a déclaré que l’industrie de l’aluminium « a désormais une formidable opportunité de se développer sur ce marché ».
L’insuffisance du recyclage des matériaux
Les grandes puissances dirigeantes du cuivre ont de manière presqu’unanime reconnu le fait que l’exploitation minière « avait une mauvaise réputation en partie en raison des défaillances de sécurité passées », ce qui a contraint les entreprises à travailler plus dur pour se faire accepter.
« Nous avons une industrie qui doit gagner la confiance de la société », a déclaré, Président Directeur général de Codelco – le plus grand producteur de cuivre au monde – André Sougarret.
Les dirigeants de l’industrie ont déclaré qu’une véritable « économie circulaire » où il est presque entièrement recyclé n’est probablement pas imminente, et ce, malgré le fait que les taux de recyclage du cuivre augmentent.
Aurubis AG affirme que près de la moitié de ses cathodes en cuivre sont fabriquées à partir de matériaux recyclés, mais qu’il faudra des décennies pour atteindre 100 %.
« Le recyclage des matériaux, même si tout pouvait être collecté, ne suffirait en aucun cas à la demande […] Nous avons besoin de plus d’activité minière, car la demande de cuivre ne fera qu’augmenter dans les années à venir », avait expliqué Roland Harings, le Président Directeur général d’Aurubis.
Monge Junior Diama