Dans une correspondance publiée dimanche 07 mai – dont une copie est parvenue à la rédaction de MINES.CD – la ministre nationale des Mines, Antoinette N’samba Kalambayi, a appelé tous les acteurs du secteur minier au strict respect des lois de la République démocratique du Congo.
« Ressortissants étrangers ayant choisit la RDC comme seconde patrie ; Je m’adresse à vous en ce jour, à la demande de son excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, Chef de l’État pour vous sensibiliser sur l’exercice des activités minières en RDC, dans le respect de la loi », a déclaré la ministre des mines.
Dans le même document, la cheffe du secteur minier congolais a expliqué, comment les minerais congolais sont illicitement exploités par certains pays voisins de la République démocratique du Congo.
« Voilà bientôt 30 ans que notre pays est victime des agressions à répétition des certains pays voisins de la région des Grands lacs principalement le Rwanda. Celui-ci agit via les groupes armés, lesquels entretiennent l’exploitation et le traffic frauduleux de l’or et d’autres substances minérales issues de l’artisanat », a expliqué Antoinette N’samba.
Selon elle, cette fraude « prive le pays des capitaux qui pouvaient financer la construction des routes, des hôpitaux, des écoles », autant dans la province d’extraction que dans l’ensemble du territoire national.
À titre d’illustration, Antoinette N’samba a indiqué que des observateurs avertis sont unanimes pour reconnaitre que plus de 40 tonnes illégalement sortent annuellement du territoire national à destination des principales places boursières après transit dans certains pays voisins pour traitement et raffinage.
La patronne des mines congolaises a décrit que la République perd de milliards en laissant cette situation d’exploitation frauduleuse perdurer.
« En prenant le cours moyen de trois dernières années, la somme d’un milliard sept cent douze millions de dollars américains [Ndlr. 1.712.000.000 USD], devant servir d’assiette à la fiscalité et à la parafiscalité, sans oublier ces effets induits en termes de croissance, échappe au circuit officiel. Sur vingt ans, le pays n’a pas pu recycler dans son économie environ trente-quatre milliard deux cents quarante millions dollars américains [Ndlr. 34.240.000.000 USD], ce qui auraient permis la réalisation des activités d’intérêt général à impact durable », a-t-elle précisé.
Les contrevenants seront punis par la loi
Le Président congolais a, au cours de la dernière réunion du Conseil des ministres, exhorté les uns et les autres à se départir de toutes les pratiques frauduleuses dénoncées, car tous ceux qui seront appréhendés, auteurs, co-auteurs et complices « subiront la rigueur de la loi ».
Parmi les griefs retenus par l’État congolais y figurent des opérateurs économiques de la filière aurifère artisanale particulièrement les comptoirs agréés et même, certains d’entre-eux, détenteurs des permis d’exploitation qui, en violation de la loi, organisent dans les périmètres leurs concédés une exploitation artisanale anarchique ; des hauts fonctionnaires des services publics, civils et militaires, les hommes politiques investis du mandat public au niveau national, provincial et local, abusant de leurs positions administratives pour appuyer, moyennant ce qu’ils appellent « pas de porte », les ressortissants étrangers – pour la plus part en ce jour irrégulier dans notre pays – à faire foisonner une exploitation artisanale anarchique charriant un chapelet des malheurs à savoir, « manque à gagner pour le trésor, déperdition scolaire pour nos enfants, destruction des écosystèmes ».
En rappel, un réseau de criminels économiques opérant dans le Sud-kivu avait été présenté aux membres du gouvernement par l’Etat-major des renseignements militaires (ex-DEMIAP), vendredi 05 mai, à son siège à Kinshasa. Ce réseau composé d’un total de 25 personnes dont des autorités des services spécialisés de l’État congolais, avait été arrêté à l’issue d’une opération menée dans la province du Sud-Kivu.
Ce groupe de criminels avait été saisi avec plusieurs pièces à conviction dont 4 coffres-forts non encore ouverts, dont : 1 à Kinshasa et 3 autres en route pour Kinshasa ; 15 ordinateurs portables et 41 téléphones ; des fours ; des balances ; des moules ; 26,120 kilogrammes d’or ; 406.000 dollars américains, 60.568.000 francs congolais, 125.900 francs rwandais ; 4560 roupies et 1000 shellings ougandais.
Emmanuel Lufiauluisu