Global Witness, organisation non gouvernementale spécialisée dans la transparence de l’exploitation des ressources naturelles, la lutte contre la corruption et les violations des droits humains dans le secteur extractif, a révélé, dans un rapport publié le mercredi 9 juillet 2025 et consulté par Mines.cd, que six États africains figurent parmi les 17 pays les moins avancés ayant signé des contrats de lobbying avec des firmes proches du président américain Donald Trump depuis les dernières élections américaines.
Dans cette enquête intitulée « Revealed : Trump-linked firms cash in on mineral lobbying deals as US cuts aid », Global Witness souligne que certains des pays les plus pauvres et les plus dépendants de l’aide internationale sont touchés par un ou plusieurs conflits armés. Selon ce rapport, Trump verse des millions à des lobbyistes proches de lui, leur offrant un accès à des ressources naturelles précieuses, notamment des minéraux ou d’autres actifs stratégiques, en échange d’un soutien humanitaire ou militaire.
« Depuis les élections américaines de novembre 2024, 17 des pays les moins avancés du monde – Haïti, le Honduras, l’Inde, l’Irak (Kurdistan), le Libéria, la Moldavie, le Mozambique, le Pakistan, les Philippines, le Rwanda, la Somalie, l’Ukraine, le Venezuela et le Yémen – ont signé des contrats de lobbying avec des entreprises américaines, les principaux bénéficiaires de l’aide américaine (Angola, Cambodge, République démocratique du Congo, RDC), pour un montant de plus de 21 millions de dollars en honoraires versés jusqu’à fin 2025 », indique le rapport.
D’après Global Witness, ces contrats avaient pour but de conclure des accords offrant à la première puissance économique mondiale, les États-Unis d’Amérique, un accès à des ressources précieuses, notamment des minerais ou d’autres actifs stratégiques, en échange d’un soutien humanitaire ou militaire.
Washington réduit son aide aux pays pauvres
Le rapport de Global Witness indique également que, malgré l’effort des pays comme l’Angola, la RDC, le Libéria, le Mozambique, le Rwanda et la Somalie de solliciter des firmes de lobbying dirigées par des personnalités proches de Donald Trump pour des montants de plusieurs millions de dollars, Washington, de son côté, réduit significativement son aide aux pays les plus pauvres de la planète.
Le document souligne que cette forte réduction de l’aide américaine crée des conditions où les accords basés sur un « troc d’actifs stratégiques contre soutien » risquent d’être moins favorables aux pays à faible revenu et plus ouverts à l’exploitation des ressources au détriment des populations locales.
Des lobbyistes américains empochent des millions en Afrique
Des chiffres colossaux sont révélés dans le rapport de Global Witness concernant les honoraires mensuels versés pour ces contrats de lobbying impliquant des acteurs très influents aux États-Unis dans les prises de décision. Par exemple, note le rapport, le cabinet Ballard Partners, propriété de Brian Ballard, l’un des principaux contributeurs à la campagne de Trump, perçoit 100 000 dollars par mois de la RDC.
Avec l’Ukraine, la RDC fait partie des pays les plus touchés par le gel de l’aide américaine. L’année dernière, Kinshasa était le principal bénéficiaire de l’aide humanitaire américaine au niveau mondial, avec 910 millions de dollars. Les États-Unis ont fourni 70 % de leur aide totale, principalement pour la nourriture, l’eau, l’assainissement et les abris, pour plus de 7 millions de personnes déplacées.
Les recommandations de Global Witness
Dans son rapport, Global Witness recommande aux États-Unis :
- De rétablir la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger (FCPA), rappelant que sa récente abrogation crée des opportunités d’exploitation et de transactions opaques dans les États fragiles riches en ressources naturelles ;
- De veiller à ce que les accords impliquant l’accès aux ressources naturelles des pays étrangers soient conclus de manière transparente, avec des compensations équitables et sans coercition ;
- D’annuler le gel de l’aide étrangère, en particulier pour les programmes essentiels tels que le Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR) et les initiatives de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
Global Witness souligne que ces recommandations visent à préserver les droits des pays les moins avancés souhaitant obtenir une aide américaine.
Daniel Bawuna