Au lendemain de l’entérinement historique de l’accord de paix et de coopération économique conclu à Washington entre Kinshasa et Kigali, c’est une voix clé de l’appareil économique congolais qui est montée au créneau. André Wameso, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), a livré devant la presse une lecture structurée des enjeux économiques de ce cadre inédit d’intégration régionale.
Pour le patron de la BCC, le diagnostic est sans appel : « La raison fondamentale de cette guerre, c’est le pillage des ressources naturelles congolaises », martèle-t-il.
L’accord signé aux États-Unis ambitionne précisément de rompre avec cette logique en renforçant la souveraineté de la RDC sur ses minerais stratégiques — y compris lorsque ceux-ci transitent par d’autres pays ou sont commercialisés sur des marchés tiers.
Selon André Wameso, ce nouveau mécanisme établit clairement les règles du jeu : la RDC garde la maîtrise de ses ressources, tandis que chaque État partenaire est libre de développer ses propres industries ou de nouer des collaborations bilatérales. « Rien n’y est obligatoire », insiste-t-il, pour mieux souligner que l’accord ne constitue ni une contrainte commerciale ni une mise sous tutelle économique, mais un cadre coopératif fondé sur le respect mutuel.
Traçabilité renforcée et sécurisation des filières
Autre pilier central de ce dispositif : la transparence.
André Wameso a rappelé que l’accord impose désormais aux acteurs miniers des normes plus rigoureuses de traçabilité, condition essentielle pour restaurer la légalité et l’éthique dans un commerce longtemps gangrené par les circuits parallèles.
« L’objectif est clair : rendre ce commerce légal, sécurisé et profitable pour le pays », explique-t-il.
Kinshasa espère ainsi assainir un secteur minier stratégique, mieux capter la valeur ajoutée et garantir que les industries mondiales s’approvisionnent en minerais congolais dans un environnement normé, stable et respectueux de la souveraineté nationale.
En filigrane, ce cadre économique se veut aussi un instrument de pacification durable : réduire les zones d’ombre, formaliser les échanges, et fermer définitivement les portes aux réseaux qui prospéraient sur l’opacité.
Une nouvelle étape s’ouvre donc pour la RDC, où l’enjeu n’est plus seulement de sécuriser ses ressources, mais d’en faire un véritable levier de puissance économique.
Pierre Kabakila




