Les entreprises minières américaines s’intéressent de plus en plus aux richesses naturelles de la République démocratique du Congo. Une ruée stratégique motivée par l’accord en gestation minerais contre sécurité entre Kinshasa et Washington, mais aussi par la l’accord de principe entre la RDC et le Rwanda censée ramener la paix dans l’Est du pays, région riche en minerais critiques.
Vers un repositionnement américain face à la Chine
Alors que la Chine domine depuis près de deux décennies l’exploitation minière en RDC, notamment à travers le fameux contrat « minerais contre infrastructures », les États-Unis affichent désormais leur volonté d’étendre leur influence dans le secteur stratégique du cobalt, du cuivre et du lithium. Une dynamique soutenue par l’administration Trump qui, dans une vidéo virale, s’est réjouie de la signature d’un accord entre Kinshasa et Kigali :
« Oui. Je crois que nous avons d’excellentes nouvelles à venir concernant le Rwanda et le Congo […]. Nous espérons donc que cela se produira », a déclaré Donald Trump.
Selon plusieurs sources, Washington verrait dans cet apaisement une opportunité géopolitique pour contrer Pékin, qui semble perdre du terrain depuis que le président Félix Tshisekedi s’est dit ouvert à de nouveaux investisseurs, notamment américains.
KoBold Metals, Bill Gates, Jeff Bezos : la ruée américaine est lancée
L’annonce récente de KoBold Metals – une société soutenue par Bill Gates et Jeff Bezos – de vouloir s’imposer comme acteur clé du secteur minier congolais confirme l’intérêt croissant des États-Unis pour les minerais stratégiques.
Ce regain d’intérêt intervient dans un contexte mondial marqué par la transition énergétique, où la demande en cobalt et lithium ne cesse d’augmenter.
L’héritage controversé du contrat sino-congolais
La présence chinoise, notamment à travers le consortium Sicomines, s’était consolidée grâce à un accord estimé à 3 milliards USD visant à échanger minerais contre infrastructures (routes, hôpitaux, etc.). Mais des années après, le constat est amer : peu d’infrastructures visibles, d’importants soupçons de corruption, et des déséquilibres dénoncés dans plusieurs rapports, poussant le président Tshisekedi à engager une révision du contrat.
Alors que les discussions autour d’un nouvel accord liant minerais contre sécurité avec les États-Unis se précisent, une partie de l’opinion congolaise exprime de fortes réserves. Beaucoup redoutent un bradage des ressources dans un cadre flou, sans garanties tangibles de sécurité durable, à l’instar de la promesse non tenue du « contrat du siècle » sino-congolais.
Dans ce contexte, les tensions commerciales sino-américaines, relancées depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, trouvent une résonance particulière en RDC. Kinshasa se retrouve au cœur d’un bras de fer géopolitique, entre deux géants économiques aux intérêts divergents mais tout aussi appuyés.
La RDC, géant minier fragilisé par l’insécurité et la mauvaise gouvernance
D’après l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE-RDC), la République démocratique du Congo fournit environ 70 % du cobalt et 9 % du cuivre mondial. Un potentiel immense, mais qui reste mal exploité à cause de la corruption, de l’opacité dans la gestion des contrats, et surtout de l’instabilité chronique à l’Est du pays.
Alors que les multinationales se pressent aux portes des mines congolaises, la question clé reste celle-ci : les ressources naturelles profiteront-elles enfin au peuple congolais ? Qui vivra , verra !
Daniel Bawuna