Au cours d’une interview exclusive accordée à MINES.CD, l’avocat et analyste principal de la gouvernance des industries extractives, Jean-Pierre Okenda est revenu sur l’affaire Dan Gertler qui défraie la chronique en République démocratique du Congo depuis près d’une semaine.
Récemment, des révélations de nos confrères de The Marker – un média économique israélien – attestaient que Dan Gertler a « dissimulé » une mine d’une valeur estimée à 1,5 milliard de dollars sur le sol congolais.
En réaction, Jean-Pierre Okenda a affirmé que cette affaire a déjà fait l’objet d’un dépôt auprès du gouvernement congolais en vue « d’ouvrir des enquêtes approfondies ». Selon lui, l’objectif principal de ces investigations est de révéler « le véritable propriétaire d’Even Entertainment », une entreprise détenant cinq des sites miniers les plus importants du pays.
Ce défenseur des droits de l’Homme a souligné que Dan Gertler n’a pas été « transparent » dans ses relations avec l’État congolais, soulignant ainsi l’importance « cruciale » de mener des enquêtes approfondies pour faire la lumière sur cette affaire.
« Lorsque j’ai participé à la table ronde organisée par la présidence, qui portait sur les informations adaptation des acteurs de la société civile, nous avons porté à son temps à la connaissance du gouvernement congolais que la société Urama est une société du groupe associé ou affilié à monsieur Dan Gertler […] Les récentes informations relayées sur ce dossier ne font que confirmer ce qu’on savait déjà sur l’affaire Dan Gertler », a-t-il poursuivi.
Selon Jean-Pierre Okenda, cette société « détenait » le permis dans le secteur de manganèse à Kisenge et celui-ci « ne faisait pas en réalité partie des cinq actifs miniers cédés » par Dan Gertler à l’État congolais. A en croire ses propos, à ce jour, il n’existe aucune preuve que cet actif a fait objet de négociation avec l’État congolais.
En République démocratique du Congo, les voix continuent de s’élèvent pour exiger des poursuites sérieuses contre l’homme d’affaires israélien. Tout comme Jean-Pierre Okenda, plusieurs organisations de la société civile veulent voir clair sur la détention de cette mine par Dan Gertler.
Dans une communication faite le 18 janvier dernier, la coalition le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) a appelé à une action immédiate sur plusieurs fronts, tout en insistant pour que Dan Gertler dévoile l’intégralité de ses actifs sur le sol congolais, y compris ceux détenus indirectement par le biais de sociétés écrans.
« La coalition appelle les autorités congolaises et britanniques à ouvrir une enquête sur les propriétés minières congolaises qui pourraient être liées à Gertler, notamment Evelyne Investment et Interactive Energy. Ces sociétés ont été impliquées dans des transactions suspectes peu de temps avant les élections de 2018 », peut-on lire dans ce document consulté par MINES.CD.
En outre, cette organisation de la société civile avait également exhorté les autorités judiciaires compétentes à enquêter sur les activités passées de Dan Gertler en RDC, en tenant compte des « nouvelles révélations ». Le CNPAV a jugé « essentiel » que toute enquête soit menée de manière approfondie et transparente, afin de « rétablir » l’intégrité et la confiance dans le système judiciaire congolais.