Le tout nouvel accord de paix signé vendredi 27 juin 2025, entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ne se limite pas à ses seules clauses sécuritaires. Au cœur de ce traité historique figure une ambition plus vaste : poser les jalons d’une intégration économique régionale solide, avec pour fil conducteur la transparence, la coopération et le développement mutuel.
Un cadre de coopération économique inédit
L’accord prévoit, dans un délai de trois mois, le lancement officiel d’un « Cadre d’intégration économique régionale », qui viendra compléter les engagements sécuritaires entre Kinshasa et Kigali. Cette plateforme s’appuiera sur des structures déjà existantes telles que la ZLECAf, la CIRGL, la CAE et le COMESA, pour stimuler le commerce, faciliter les investissements et structurer les chaînes d’approvisionnement régionales en minerais critiques.
L’objectif est triple :
- Freiner les circuits illicites de l’économie minière,
- Garantir la traçabilité des ressources naturelles,
- Et favoriser une prospérité partagée, en transformant les tensions en opportunités économiques.
Priorités bilatérales et projets communs
Au titre des priorités bilatérales, la RDC et le Rwanda s’engagent à coopérer sur :
- La gestion conjointe des parcs nationaux,
- Le développement de projets hydroélectriques transfrontaliers,
- La formalisation des chaînes de valeur minières,
- La cogestion durable du lac Kivu.
Le développement d’une filière minière transparente, depuis l’extraction jusqu’à la transformation locale, constitue un axe central. L’accord ouvre également la voie à des partenariats stratégiques avec des investisseurs internationaux, notamment avec le soutien annoncé des États-Unis, dont le président Donald Trump a récemment réaffirmé l’intérêt pour la stabilité économique de la région.
Audit, bonne gouvernance et lutte contre la corruption
Conscients des risques de dérives, les deux pays ont convenu de la création de mécanismes indépendants d’audit économique et de surveillance. Ces dispositifs devront :
- Assurer le contrôle des projets d’infrastructure et d’exploitation minière,
- Veiller à la transparence des futurs accords économiques,
- Lutter activement contre la corruption et les pratiques illicites.
Un tournant stratégique pour la région et le continent
Au-delà de ses implications bilatérales, cet accord marque un changement de paradigme dans la diplomatie économique régionale. Il place la coopération économique au cœur du processus de paix, avec une ambition claire : faire de la transparence minière un levier de développement durable.
Dans un contexte de forte demande mondiale en minerais critiques pour la transition énergétique, l’intégration économique RDC-Rwanda – si elle est rigoureusement mise en œuvre – pourrait devenir un modèle pour le continent africain, en conciliant paix, souveraineté économique et justice sociale.
Pierre Kabakila