Les investissements annuels de la Chine en Afrique dépassent les 250 milliards de dollars américains (USD), loin devant ceux de la Turquie qui a atteint un record de 45 milliards USD en 2023. Ces chiffres émanent d’une étude publiée ce mois de décembre, intitulée « Présences et rivalités Sino-Turques sur le continent africain ». Elle a été réalisée par la collection Asia Focus. Ces chiffres illustrent bien la concurrence à laquelle se livrent la Chine et la Turquie en Afrique dans leurs activités économiques, particulièrement dans le secteur extractif.
La Chine, tout comme la Turquie, investissent dans les infrastructures, notamment la construction des ports, chemins de fer, routes, énergie, ressources naturelles, etc. Si la Chine est présente en République Démocratique du Congo (RDC) via la coopération sino-congolaise, la Turquie, pour sa part, est très visible notamment à travers la construction du Centre financier, de l’Arena de Kinshasa ou le cas de la modernisation de l’aéroport international de N’djili.
Extraction de ressources en Afrique
La Chine n’avait pas caché ses intentions d’évoluer dans le secteur extractif dès ses premiers pas en Afrique, chose à laquelle s’était pourtant montré opposée la Turquie. En 2013, Erdogan, alors Premier Ministre et devenus aujourd’hui Président de la République, lors d’une visite de travail au Gabon, affirmait : « l’Afrique appartient aux Africains. Nous ne sommes pas là pour l’or ». Et c’est la même personne qui, aujourd’hui, veut à tout prix imposer sa suprématie dans le secteur minier en Afrique, notamment en RDC et ailleurs.
Plus de dix ans après, des entreprises turques telles que Lydia Madencilik, propriété d’Ahmet Çalik, ou Miller Holding, exploitent l’or et le cuivre en RDC, tandis qu’Avesoro, filiale du groupe MAPA contrôle l’important gisement de Youga, au Burkina Faso, depuis 2017. Et au Mali, si les juntes sahéliennes ont récemment durci le ton envers les groupes miniers venus de Turquie et d’ailleurs, les miniers turcs y demeurent actifs, ainsi qu’au Niger.
La Chine et la Turquie veulent voir leur discours et leurs intérêts converger afin de dénoncer l’hybris coloniale et « le néo-colonialisme », ou encore bénéficier conjointement du rejet des opérateurs occidentaux dans le sillage des récents coups d’État survenus au Sahel, à l’image d’Orano au Niger. La Chine domine par ses investissements colossaux et sa présence structurante, tandis que la Turquie adopte une approche plus flexible et diplomatique.
Cette rivalité met en lumière l’importance croissante de l’Afrique dans les enjeux économiques mondiaux, en l’occurrence de la RDC dans la transition énergétique.
Daniel Bawuna