Alors que les différentes prévisions évoquaient une possible « baisse de niveau » du minerai de fer suite à l’aggravation de la crise immobilière en Chine, la réalité actuelle est toute autre, car le métal ductile, malléable, magnétique et principal ingrédient de l’acier ainsi que de la fonte, se porte plutôt bien.
La semaine dernière, après une reprise qui a défié la morosité croissante de l’économie en Chine – lourdement endettée – le fer a toutefois atteint son « plus haut niveau » en un mois.
« Les prix sont restés largement au-dessus du seuil clé de 100 dollars la tonne cette année malgré des vagues de nouvelles inquiétantes en provenance du secteur immobilier, qui, dans les années plus normales, représente environ 40 % de la demande », a appris MINES.CD.
Selon l’économiste en chef chez Grow Investment Group, Hao Hong, l’absence d’effondrement des prix ou de chute dévastatrice de la demande d’acier illustre à quel point certaines poches de l’économie chinoise « résistent malgré les gros titres négatifs ».
« Le minerai de fer est encore très résilient dans un environnement comme celui-ci, et je pense que la demande chinoise joue un rôle à cet égard. Cela montre que certains pans de l’économie, en dehors du secteur immobilier, sont relativement sains », a-t-il tenté d’expliquer.
Cependant, plusieurs risques subsistent pour le fer. Parmi ces risques y figurent en tête : la perspective d’un ralentissement prolongé du secteur immobilier ; pourtant, les prix relativement robustes « offrent un contrepoint à l’ambiance baissière qui prévaut sur les marchés chinois ».
Les contrats à terme sur le minerai de fer ont atteint 114 dollars américains la tonne, au même moment où l’indice composite des actions de Shanghai est tombé la semaine dernière à son plus bas niveau de l’année. Lors de la dernière crise majeure il y a huit ans, les prix sont tombés en dessous de 40 dollars américains la tonne et les excédents d’acier de la Chine ont afflué sur le marché mondial, alimentant les tensions commerciales.
« Nous constatons une demande solide dans les infrastructures, les machines électriques, l’automobile et le transport maritime, compensant la faiblesse des mises en chantier et des machines de construction », a déclaré le groupe BHP – deuxième producteur mondial de minerai de fer – le cabinet de conseil Kallanish Commodities ajoute les « produits blancs » à cette liste.
La production en perte de vitesse
Actuellement en Chine, les différentes matières supplémentaires ont été absorbées par les exportations d’acier, alors que les expéditions en provenance de Pékin sont en passe d’atteindre leur plus haut niveau depuis 2016, même si les volumes sont encore bien inférieurs aux quantités qui contrariaient les partenaires commerciaux à l’époque.
La résilience de la demande d’acier et des prix du minerai de fer dépend également de certains facteurs spécifiques à l’industrie.
Selon les informations rapportées par Mysteel, le minerai de fer a été aidé par les coupes dans les fours à arc électrique qui utilisent de la ferraille – une méthode de production alternative à l’acier. Cela a contribué à maintenir la production dérivée du minerai de fer relativement robuste. La production quotidienne moyenne de fer fondu provenant des hauts fourneaux a atteint son plus haut niveau depuis 2020.
Les sidérurgistes et les négociants achètent également du minerai de fer en prévision de la reprise saisonnière de l’activité de construction qui surviendra après l’été. Et les usines pourraient augmenter leur production dès maintenant pour se prémunir contre la possibilité de restrictions de production ordonnées par le gouvernement plus tard dans l’année.
« Les prix du minerai de fer se sont légèrement écartés des fondamentaux économiques, en grande partie à cause d’un manque d’autodiscipline dans les usines. L’économie chinoise n’est pas si prometteuse », a déclaré Xu Xiangchun, l’un des analystes chez Mysteel.
Le manque de confiance dans le secteur privé et les risques de voir les tensions liées à l’endettement des collectivités locales se propager à d’autres secteurs de l’économie constituent également de « sérieux obstacles ». En même temps, d’ici décembre prochain, la question de savoir si « Pékin évitera de nouvelles turbulences dans le secteur immobilier » sera probablement le facteur décisif pour les prix.
« La Chine ne peut pas rallumer le feu dans le secteur immobilier et il semble qu’elle ne veuille pas le faire. Il semble effectivement qu’il existe un plancher assez solide pour le minerai de fer à 100 dollars à court terme, mais à plus long terme, les perspectives sont plus faibles », a indiqué Tomas Gutierrez, analyste chez Kallanish Commodities.