La province du Haut-Uélé – située au nord-est du pays sur la rivière Uélé, elle est limitrophe de trois provinces rd-congolaises et de trois États sud-soudanais – fait face, depuis plusieurs années, à l’exploitation illicite à grande échelle de ses minerais par des sujets étrangers. Très riche en or – près de 95 % de production du pays – et bien d’autres ressources minières, le Haut-Uélé reste en même temps parmi les provinces du pays les plus pauvres.
Dans une déclaration faite en début d’année, les forces vives du territoire de Watsa ¬– borné au Nord par les territoires de Faradje et de Dungu; à l’Est par les territoire d’Aru et de Mahagi (Ituri), au Sud-Est par le territoire de Djugu (Ituri), au Sud par le territoire de Mambasa et à l’Ouest par le territoire de Rungu – ont accusé les autorités provinciales de cautionner la présence des expatriés chinois dans les sites d’exploitation artisanale de l’or en violation du code minier et de la circulaire de la ministre des mines Antoinette N’samba.
« Les composantes confirment que les autorités censées appliquer vos instructions brillent par l’insubordination notoire et la tetutesse aggravée ; nous citons le Chef de Division Provinciale des Mines ainsi que celui du SAEMAPE et, ces derniers pourtant exécutants de la circulaire sont en réalité les boucliers protecteurs de ces étrangers. Ce comportement de sabotage à l’autorité frise et est passible des sanctions exemplaires de leurs parts », avait dénoncé la société civile.
Les composantes de la société civile ont également dénoncé le fait que « les sites d’exploitation artisanale sont surmilitarisés comme si nous sommes dans un état de siège » et ce, en dépit de l’expiration dudit moratoire.
Toujours dans leur déclaration, les autorités provinciales sont accusées de favoriser l’envahissement des zones d’exploitation minière artisanale par les sujets chinois en violation de la législation minière en vigueur en RDC, réservant l’exclusivité de l’artisanat minier aux seuls congolais. « On en veut pour preuve, la prise répétitive des positions publiques d’acquiescence du gouverneur de province et de son ministre des mines y voyant plutôt une bonne opportunité d’assistance technique et financière aux coopératives minières pour booster le développement ».
Un chinois retrouvé mort
Encore dans un contexte de « no man’s land », un chinois opérant dans une mine semi-industrielle a trouvé la mort dans un affaissement de terre sur le site de Garindi exploité par la Coopérative Minière de la Grande Orientale (COMIGOR), le samedi 13 août 2022 à environ 8km de Ngangazo dans le groupement Koegukobho, chefferie Mari-minza en territoire de Watsa, dans la province du Haut-Uele.
Dans une vidéo amateur devenue virale sur les réseaux sociaux, on voit ses collègues se démenaient avec un bulldozer pour tenter sans succès de lui sauver la vie. Le décès de ce sujet chinois intervient au lendemain de la suspension de leurs activités par le gouvernement congolais qui les accuse d’œuvrer illicitement dans les sites d’exploitation artisanale des minerais en violation de la réglementation minière en vigueur dans le pays avec la complicité des certains responsables des coopératives minières.
Tshisekedi s’en mêle…
Le ministre Patrick Muyaya a révélé, dans le compte rendu du 64ème conseil des ministres, que le Président de la République a été informé des activités minières illicites, dans la province du Haut-Uélé, où il est signalé la présence des sujets étrangers exploitant les minerais d’or au moyen d’engins lourds, soit dans les zones d’exploitation artisanale en complicité avec des coopératives minières des étrangers, soit dans les périmètres de recherche non encore transformés en permis d’exploitation ou encore dans les aires protégés.
A cet effet, il a précisé que ces pratiques violent les dispositions du code minier relatif à l’éligibilité à l’exploitation artisanale et ceux ayant trait aux aires protégés.
Tout en rappelant ses instructions lors de la 29ème réunion du Conseil des ministres en rapport avec la lutte contre la fraude minière, notamment la poursuite de l’identification des périmètres de recherche où s’effectuent les activités minières illicites, et compte tenu de la recrudescence de ces phénomènes dans la partie Est du pays, le Chef de l’Etat a instruit le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité et décentralisation à prendre des actions urgentes pour stopper sans délai ces exploitations illégales.
En outre, l’implication étroite de la ministre de la justice et celle des mines a été requise, par le Président de la République pour initier une mission d’enquête sur les activités illicites dans cette partie du territoire national afin de le faire part, assorti des recommandations lors du prochain Conseil des ministres.