Les retombées du coup d’état perpétré dans les premières de ce mercredi 30 août, par l’armée gabonaise contre le Président Ali Bongo, ne se sont pas fait attendre. La société minière française, Eramet a annoncé la suspension de ses activités, alors que ses mines au Gabon font d’elle la plus grande productrice de manganèse à haute teneur dans le monde.
Eramet a justifié sa décision par le fait que ses actions ont « connu une forte chute ». L’un des porte-paroles de l’entreprise – premier employeur privé du Gabon – a expliqué à nos confrères britanniques de Reuters qu’au vu des événements en cours à travers le pays et par mesure de précaution, « le groupe a activé des procédures pour assurer la sécurité de son personnel et l’intégrité de ses opérations ».
En 2022, les activités manganèse d’Eramet, conduites par son unité « Comilog » – exploitant les mines de Moanda au Gabon – avaient essentiellement contribuées aux bénéfices de l’entreprise. Cependant, dans l’après-midi de ce mercredi, le titre de ce géant minier français a connu une baisse de 16% à 65,70 euros. Ils sont tombés jusqu’à 59,75 euros lors des échanges précédents, a précisé Reuters.
« L’État gabonais détient 29% de la Comilog. Le porte-parole a déclaré que les opérations de la Comilog et de sa filiale de transport ferroviaire Setrag avaient été suspendues. Le manganèse est le quatrième métal le plus utilisé au monde, après le fer, l’aluminium et le cuivre. L’acier constitue le principal marché de son utilisation, représentant 90 % de la consommation de manganèse », a rapporté la source précitée.
L’évolution de la situation suivie en temps réel
Morgan Stanley, porte-parole d’Eramet, a affirmé que le Gabon produit 8,5 millions de tonnes de minerai de manganèse, soit 14 % des approvisionnements mondiaux, dont 7,5 millions de tonnes proviennent d’Eramet et 1 million d’acteurs non cotés. En même temps, il a annoncé son que « l’entreprise suit en temps réel l’évolution de la situation ».
« Une suspension prolongée se ferait sentir sur le marché, même s’il est peu probable que le groupe se retire complètement du Gabon, où les coûts sont parmi les plus bas au monde […] l’impact de la suspension des activités serait en partie compensé par une hausse des prix du manganèse », a expliqué Nicolas Montel, analyste de Portzamparc.
L’entreprise française, Eramet compte à son actif plusieurs usines de transformation d’alliages de manganèse aux États-Unis, en France, au Gabon, ainsi qu’en Norvège.
Pour rappel, alors que l’organisation électorale du Gabon annonçait la réélection d’Ali Bongo – en fonction depuis 2009 – au poste du président de la République pour un troisième mandat, un groupe d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise a annoncé dans les premières heures de ce mercredi, « avoir pris le pouvoir ».