Le géant minier suisse, Glencore PLC annonçait en fin de l’année dernière, dans un communiqué de presse, avoir trouvé avec le gouvernement congolais, un accord couvrant toutes les actions présentes ou futures fondées sur tout acte de nature corrompue commis par le groupe Glencore en RDC, entre 2007 et 2018.
À cet effet, Glencore affirmait que ledit accord lui permettait de poursuivre ses activités sur le territoire congolais. Parmi les grandes répercussions de l’accord entre le gouvernement congolais et le groupe Glencore, y figurait le versement par cette entreprise minière – au nom de ses sociétés situées en République démocratique du Congo – de 180 millions dollars américains au pays. Cette information – qui au départ n’avait fait aucune suite officiellement de la part du gouvernement- avait finalement été confirmée par le ministre national des Finances, Nicolas Kazadi Kadima, en avril dernier.
Réagissant à ce règlement à l’amiable entre Kinshasa et Glencore, Fabien Mayani, membre du Centre Carter, a dans une interview accordée à MINES.CD en marge du sommet mondial du cobalt à Istanbul, exprimé sa désapprobation à cet accord, qui d’après lui, non seulement il n’est toujours publié, il est aussi largement en défaveur du pays.
« Premièrement, si on essaye d’évaluer ce que le Congo a perdu, dans ces transactions frauduleuses. En tout cas, les chiffres sont en milliards, en termes de perte que le Congo et la Gécamines ont encaissé. Mais l’accord dit que Glencore a payé à la RDC à peine 180 millions de dollars américains. En tout cas, nous nous pensons que le montant est minime et maudit par rapport aux pertes que la RDC a enregistré dans les transactions problématiques avec Glencore et même dans des transactions indirectes que la Gécamines a faite par exemple avec Dan Gertler et donc au bout du compte, ont bénéficié à Glencore. Nous sommes dans les milliards », a-t-il expliqué au micro de MINES.CD.
« Glencore continue de bénéficier des profits frauduleusement gagnés »
Selon Fabien Mayani, au regard de tous les faits reprochés à Glencore, les dommages devaient être estimés en milliards de dollars américains comme compensation à la République démocratique du Congo afin de renoncer à toute poursuite, et comme cela n’a pas été fait ledit accord devrait être « réévalué ».
« Glencore a pris l’engagement dès maintenant d’améliorer les pratiques donc mettre fin à toutes ces pratiques de corruption. Même lorsque vous lisez le communiqué, l’entreprise s’engage à être conforme aux standards internationaux, c’est un point positif à vérifier pour l’avenir de Glencore. Mais en tout cas, ce que le Congo a gagné à travers ce deal, à mon avis, c’est inférieur par rapport aux faits. Parce que je l’ai dit, c’est vrai on peut dire que ce sont des accords passés mais ce sont des accords qui continuent à avoir des effets jusqu’à aujourd’hui », a-t-il déclaré.
Avant de renchérir ses propos en indiquant : « Je vous donne un exemple simple. KCC c’est la mine de Kamoto, Kamoto c’était la principale mine de la Gecamines, si on parlait de la Gecamines cuivre, c’est d’abord Kamoto. Quand on a signé entre 2000 et 2005, c’était là d’un côté, Monsieur Dan Gertler et de l’autre, Monsieur Forrest, et on a signé des accords dans un sens où alors que c’est la Gécamines qui offre son bijou de Kamoto, elle se retrouve avec 25% de participation et ça, ça pose quand même problème. C’est la situation qu’on vit. Glencore continue de bénéficier de 75% de parts de KCC ».
Concluant, Fabien Mayani a révélé qu’en réalité, les investisseurs prennent les titres miniers de la Gécamines pour aller lever les fonds à l’international, alors que c’est la Gécamines qui finance les projets. Pour lui, il est « incompréhensible et illogique » que la Gécamines ait une participation minoritaire au sein de KCC.
Pour rappel, Glencore s’est installé depuis 2008 en République démocratique du Congo, où il gère deux opérations industrielles de cuivre et de cobalt, Kamoto Copper Company SA (KCC) – un partenariat avec la Gécamines et dont il détient 75 % des parts – ainsi que Mutanda Mining SARL ( MUMI). Actuellement, l’entreprise affirme avoir investi plus de 8 milliards de dollars américains dans le développement de Mutanda Mining et Kamoto Copper Company.
Monge Junior Diama