La tension est montée d’un cran à Kambove, dans la province du Haut-Katanga. Le 13 août 2025, une centaine d’agriculteurs sont descendus dans la rue pour exiger de la Compagnie minière de Kambove (COMIKA), d’origine chinoise, une indemnisation qu’ils estiment due après la destruction de leurs plantations par la pollution de la rivière Kisanga.
Des rejets toxiques au cœur des accusations
Selon la Société civile environnementale Aaro-rurale du Congo (SOCARICO), la COMIKA rejetterait depuis plusieurs mois des substances toxiques dans la rivière, utilisée par les communautés locales pour l’irrigation. Le président de l’organisation, Polydore Muchaila, affirme que le bassin de rétention de l’usine déborde régulièrement, déversant directement ses eaux polluées dans le cours d’eau.
Des analyses effectuées par l’Université de Lubumbashi ont confirmé la contamination, renforçant les revendications des agriculteurs. L’un d’eux, qui a préféré garder l’anonymat, déplore « l’inaction » de l’entreprise malgré la preuve scientifique :
« La décision a été prise, conformément aux règlements environnementaux, que nous devions être délocalisés et indemnisés. Mais le responsable chinois de la COMIKA refuse toujours. »
Manifestation et tensions
La mobilisation a conduit à l’arrestation de deux personnes, selon des témoins. Si les agriculteurs réclament une réparation immédiate, l’administrateur du territoire de Kambove a confirmé la réalité de la pollution tout en appelant au calme. Il a assuré que le processus d’indemnisation était en cours, mais les victimes redoutent que l’entreprise ne se soustraie à ses obligations.
Cette affaire met en lumière les tensions croissantes entre certaines communautés rurales et des entreprises minières étrangères accusées de négliger les normes environnementales. Pour les habitants de Kambove, la question est désormais de savoir si la justice environnementale prévaudra sur les intérêts économiques.
Pierre Kabakila