La tension est montée d’un cran ce mardi 12 août 2025 au village Lwisha, dans le secteur de Lufira (territoire de Kambove, à 80 km de Lubumbashi), où se sont à nouveau affrontés les travailleurs de deux sociétés minières chinoises, COMILU et CRSG, et les forces de l’ordre congolaises.
Ces heurts, qui avaient débuté la veille, lundi 11 août, sont le prolongement d’un mouvement de grève déclenché par plusieurs centaines d’employés revendiquant l’application du nouveau Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), entré récemment en vigueur en RDC. Le calme n’a pu être rétabli, malgré les appels au dialogue.
Au cours des échauffourées ce mardi, une victime, touchée à la tête par la crosse d’une arme, a dû être admise dans une structure sanitaire locale pour des soins, selon des sources hospitalières. Les forces de sécurité auraient fait usage de munitions réelles pour disperser la foule, selon la société civile locale.
Michel Kasongo Mujike, coordinateur provincial de la Ligue nationale paysanne des droits de l’homme, a dénoncé un usage excessif de la force. « Les travailleurs manifestaient pacifiquement pour leurs droits, mais la répression a été violente, causant plusieurs blessés », a-t-il déclaré, en appelant le gouvernement à ouvrir une enquête afin de sanctionner les responsables de ces violences.
Les revendications des travailleurs
Les manifestants issus principalement de la COMILU ont adressé une série de revendications, parmi lesquelles :
- La mise en œuvre effective du SMIG et de la convention collective en vigueur.
- La catégorisation officielle et équitable de tous les travailleurs.
- La reconnaissance officielle d’une nouvelle maison syndicale agréée par l’État congolais.
- L’accès des travailleurs aux avantages de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
- La revalorisation des indemnités et allocations, notamment : indemnité de nuit, allocation familiale, allocation de logement, allocation d’ancienneté et prime de rendement.
- Le calcul exact et transparent des décomptes finaux liés aux contrats.
Les travailleurs demandent aussi un salaire minimum supérieur à 500 dollars américains, une revendication symbolique forte dans un secteur minier souvent critiqué pour ses conditions salariales.
Appel au gouvernement et aux entreprises
La société civile invite les autorités à intervenir rapidement pour restaurer la paix sociale et exhorte les entreprises COMILU et CRSG à ouvrir des négociations sérieuses avec leurs employés. Une délégation de travailleurs s’est rendue au gouvernorat du Haut-Katanga lundi 11 août à Lubumbashi pour exposer leurs doléances.
Dans un contexte où la stabilité sociale est fragile dans les zones minières, cette crise sociale illustre les difficultés persistantes liées aux conditions de travail et à la gouvernance des ressources naturelles en RDC.
Junior Ngandu