La tension est montée d’un cran à Kolwezi, dans le quartier Tshamundenda, où des affrontements ont opposé, lundi 3 mars, les forces de l’ordre aux creuseurs artisanaux. Ces violences font suite à la démolition récente de plusieurs dépôts d’achat de minerais, installés illégalement dans un quartier résidentiel situé à proximité de l’entreprise Kamoto Copper Company (KCC).
Face à cette situation, l’Initiative pour la Protection des Droits de l’Homme et la Réinsertion Sociale (IPDHOR ASBL) a réagi en appelant les autorités à adopter une approche plus inclusive et apaisée.
Un cycle de violences récurrent
Dans une interview accordée à MINES.CD, Léonard Zama, responsable de l’IPDHOR, a déploré les violences et dénoncé leur caractère répétitif.
« Il ne se passe pas cinq mois sans que nous dénoncions des affrontements entre les forces de l’ordre et les exploitants artisanaux. Le cas de la cité de Luilu en est un exemple frappant, où ces heurts sont devenus quasi systématiques », a-t-il fustigé.
S’il reconnaît que la décision des autorités provinciales de démanteler ces dépôts était fondée, il estime néanmoins qu’elle aurait dû être précédée d’une campagne de sensibilisation afin d’expliquer aux creuseurs artisanaux les raisons, l’importance et les garanties liées à cette mesure.
Léonard Zama a rappelé le rôle crucial de l’exploitation minière artisanale dans l’économie de Kolwezi, estimant qu’elle représente environ 85 % des revenus de la population locale.
« Ce secteur est un levier économique majeur. Le gouvernement doit le structurer et le sécuriser en mettant à la disposition des creuseurs des zones d’exploitation fiables », a-t-il recommandé.
Des solutions pour apaiser les tensions
Pour prévenir de nouvelles violences, l’IPDHOR ASBL recommande aux autorités provinciales et nationales de réduire les inégalités sociales en facilitant l’accès des creuseurs à des sites officiels.
Par ailleurs, Léonard Zama exhorte également les entreprises minières à jouer un rôle actif en intégrant ces travailleurs dans leurs chaînes de production, afin de limiter les intrusions sur leurs concessions.
« Si les compagnies minières s’engagent à employer ces exploitants artisanaux vivant aux abords de leurs concessions, nous pourrons considérablement réduire les conflits », a suggéré Léonard Zama.
En guise d’avertissement, il a prévenu que si rien n’est fait pour encadrer l’exploitation artisanale, les tensions risquent de s’intensifier.
« Sans actions concrètes, nous continuerons à déplorer des arrestations, des pertes en vies humaines et des actes de pillage systématique. Il est temps de privilégier l’intérêt général plutôt que des logiques purement économiques ou familiales », a-t-il prévenu.
L’appel est lancé. Reste à voir si les autorités et les entreprises minières sauront y répondre avant qu’un nouveau drame ne survienne.
Pierre Kabakila