Un rapport de l’organisation britannique non gouvernementale, Business and Human Rights Resource Centre, récemment rendu public, vient d’éclabousser à nouveau les pratiques néfastes des entreprises minières chinoises basées en Afrique.
Entre violations présumées des droits humains et ceux de l’environnement, les pratiques destructrices de ces sociétés actives dans l’exploitation des minerais de la transition énergétique ont été recensées dans six pays africains.
Sur les 24 cas présumés de violations des droits humains et de l’environnement recensés entre janvier 2021 et décembre 2022 en Afrique, la République démocratique du Congo est la nation africaine ayant subi plus de dérives.
39 compagnies minières chinoises impliquées dans 102 cas présumés de violations
Le rapport intitulé « unpacking clean energy : human rights impacts of chinese overseas investment transition minerals », s’est essentiellement basé sur des faits signalés par des organisations non gouvernementales locales et des reportages médiatiques documentés qui ont fait état de préoccupations soulevées par des travailleurs, des syndicats ou des communautés, pour dénicher des abus commis en dehors de la Chine par des sociétés chinoises actives dans l’exploration, l’exploitation ou le traitement — fusion et raffinage — de neuf minerais importants pour la transition vers l’énergie verte, à l’exemple du cobalt, du lithium, du nickel ainsi que du cuivre.
« Au total, 39 compagnies minières chinoises sont impliquées dans 102 cas présumés de violations des droits humains et de l’environnement entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2022 », a renseigné le rapport du Business and Human Rights Resource Centre consulté et vérifié par le desk fact-checking de MINES.CD.
Sur l’ensemble de cas d’abus présumés, commis dans 18 pays, 43 ont été recensés en Asie, 28 en Amérique latine, 24 en Afrique et 7 en Europe. En même temps, sur le continent africain, des cas de violations des droits humains et de l’environnement ont été répertoriés en République démocratique du Congo, qui compte 12 cas, au Zimbabwe, 7 cas, en Afrique du Sud, 2 cas, au Ghana, 1 cad, en Guinée, 1 cas, et en Namibie, 1 cas.
Au niveau planétaire, l’Indonésie a enregistré le plus grand nombre d’allégations d’abus soit 27, suivie du Pérou avec 16 allégations et de la République démocratique du Congo qui en compte 12.
L’essentiel des violations concentré par le cuivre
La plupart d’abus ont eu lieu au cours de la phase d’extraction soit 49 cas de violations enregistrés, viennent ensuite les phases de la transformation et de l’exploration, avec respectivement 28 et 25 violations.
« La ventilation des abus par type de minerai exploré, extrait ou transformé fait, quant à elle, ressortir que le cuivre concentre l’essentiel des violations (33), devant le nickel (24), le cobalt (11), le lithium (10), l’aluminium (7), les éléments des terres rares (7), le chrome (6), le zinc (3) et le manganèse (1) », a épinglé le susdit rapport.
L’organisation britannique a également révélé que plus de deux tiers des allégations concernent des violations des droits de l’homme à l’encontre des communautés locales. Dans ce chapitre, les risques les plus importants concernent l’impact sur les moyens de subsistance, les droits des populations autochtones et l’insuffisance ou l’absence de consultation.
Il a aussi été signifié qu’un seul cas d’abus peut être associé à plusieurs incidences négatives, entre autres, la pollution de l’eau peut par exemple avoir plusieurs impacts tels que des effets néfastes sur la santé et les moyens de subsistance des populations.
Plus de la moitié des allégations concernent des incidences négatives sur l’environnement – la pollution de l’eau, les effets sur la faune et l’habitat des espèces ainsi que les problèmes d’accès à l’eau sont fréquemment enregistrés – alors que plus d’un tiers des allégations d’abus portent les droits des travailleurs.
« La majorité d’entre elles sont liées à des risques pour la santé et la sécurité sur le lieu de travail », a renchéri la même source.
Seulement 4 réponses reçues sur les 22 demandes d’explication adressées
Business & Human Rights Resource Centre, qui milite pour faire progresser le respect des droits humains dans les entreprises et éradiquer les abus, a révélé n’avoir reçu que 4 réponses aux 22 demandes d’explication adressées à 17 entreprises minières chinoises au sujet des violations présumés des droits de l’Homme.
En outre, il a également fait remarquer que seules 7 des 39 entreprises minières chinoises accusées d’abus « ont publié des politiques en matière de droits de l’homme », exprimant une marge d’amélioration importante tant au niveau des politiques que des pratiques.
Monge Junior Diama