Alors que l’Afrique du Sud se prépare à assumer la présidence du G20 en 2025, un élan de mobilisation sans précédent s’est manifesté parmi les parlements africains. Un symposium majeur, tenu à Midrand en marge de la 5ᵉ session ordinaire du 6ᵉ Parlement panafricain, a mis en lumière la détermination du continent à transformer cette présidence en une plateforme d’ampleur continentale. L’objectif est clair : forger une position africaine unie et influente sur les grandes questions de justice économique, de durabilité et de gouvernance mondiale.
Sous le thème percutant « Exploiter la diplomatie parlementaire au service de la solidarité mondiale, de l’égalité et de la durabilité », cette rencontre, organisée conjointement par le Parlement sud-africain et le Parlement panafricain, a réuni des représentants législatifs de tout le continent. Le consensus est fort : la présidence sud-africaine du G20 ne doit pas être une affaire nationale, mais bien une tribune pour défendre les intérêts et les aspirations de l’ensemble de l’Afrique.
Un agenda continental audacieux pour le G20
Le président du Parlement panafricain, Chief Fortune Charumbira, a donné le ton en insistant sur la nécessité pour l’Afrique du Sud de porter un agenda véritablement continental. Il a exhorté à une implication inclusive des jeunes, des femmes, des agriculteurs et de la société civile dans la définition de cet agenda, en veillant à son alignement avec des cadres stratégiques clés comme l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Charumbira a également plaidé pour une gouvernance éthique des ressources naturelles africaines et une reconnaissance de la justice climatique, pour un continent particulièrement vulnérable aux impacts environnementaux. Pour institutionnaliser cette voix africaine au sein du G20, il a proposé des mécanismes concrets : un conseil consultatif dédié, des consultations pré-sommets, et des briefings réguliers avec la délégation sud-africaine.
Les parlements, leviers d’une transformation mondiale juste
Cedric Frolick, vice-président de l’Assemblée nationale sud-africaine, a souligné le rôle pivot des parlements africains dans l’élaboration des politiques mondiales. Dénonçant les vestiges des structures coloniales dans les relations internationales, il a appelé à des politiques réparatrices et inclusives, fondées sur la dignité humaine et la justice de genre. Frolick a particulièrement mis en avant la révolution agricole comme une priorité incontournable pour un développement durable, et a critiqué les sanctions commerciales unilatérales qui entravent le progrès du continent.
Dans la même veine, le député Bhekizizwe Radebe et l’honorable John B. Bideri du Parlement panafricain ont mis en lumière les défis du commerce intra-africain (toujours inférieur à 20 %) et les injustices commerciales globales. Ils ont appelé à la pleine mise en œuvre de la ZLECAf, au soutien aux petits exploitants, et à la suppression des barrières commerciales. L’objectif est de créer un environnement commercial équitable permettant aux agriculteurs d’accéder aux marchés mondiaux et de valoriser localement les matières premières.
Une Afrique proactive sur la scène internationale
Les parlementaires africains, à travers ce symposium, ont clairement exprimé leur vision d’une Afrique unie, proactive et influente. Le P20 (Parliament 20), qui réunit les présidents des parlements des pays du G20, offre une opportunité historique en 2025 de co-construire des solutions mondiales, affirmant ainsi le rôle de l’Afrique comme architecte de son propre destin et acteur majeur sur la scène internationale.
Olito MUKINZI