Une mesure a été introduite à la Chambre des représentants des États-Unis visant à interdire les produits importés contenant des minéraux essentiels aux batteries des véhicules électriques, mais issus du travail des enfants d’autres formes d’abus, en République démocratique du Congo.
Le projet de loi vise la Chine, dont le républicain Chris Smith du New Jersey, affirme qu’elle a recours au travail forcé et à l’exploitation des enfants pour extraire le cobalt dans ce pays d’Afrique centrale pauvre mais riche en ressources.
La République démocratique du Congo est le premier producteur mondial de cobalt, un minerai utilisé pour fabriquer des batteries lithium-ion pour les véhicules électriques.
La Chine contrôle la majorité des mines de cobalt en RD Congo, ce qui renforce la position de Pékin dans la chaîne d’approvisionnement mondiale pour les véhicules électriques et d’autres produits.
« Le Parti communiste chinois exploite les vastes ressources en cobalt de la République démocratique du Congo pour alimenter son économie et son programme mondial, sur le dos des travailleurs victimes de la traite et des enfants qui travaillent », a accusé le bureau de M. Smith dans une déclaration à la suite de la présentation du projet de loi vendredi (30 juin).
Relations tendues entre les États-Unis et la Chine
Ce projet de loi intervient dans un contexte de relations tendues entre les États-Unis et la Chine. Joe Biden a qualifié le président chinois Xi Jinping de « dictateur » lors d’une collecte de fonds le mois dernier, ce qui a suscité des protestations de la part de Pékin.
Ces propos font suite à des tensions concernant un ballon de surveillance chinois que le gouvernement américain aurait abattu, les restrictions imposées par les États-Unis à l’accès de la Chine aux puces électroniques de pointe, ainsi que le statut et la sécurité de Taïwan.
L’administration Biden cherche toutefois à apaiser ces tensions avec la visite en Chine, cette semaine, de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, qui fait suite à la visite de deux jours du secrétaire d’État, Antony Blinken, à Pékin le mois dernier.
La Chine détient une participation de 68 % dans Sicomines, entreprise de cuivre et de cobalt qui connait aussi la participation de la société minière publique congolaise Gecamines, à la suite d’un accord d’infrastructures contre minerais conclu en 2008, que le Congo cherche aujourd’hui à réexaminer, car il craint de ne pas en tirer suffisamment profit.
Le Congo est également le premier producteur africain de cuivre et on y a récemment découvert du lithium, qui figure parmi les des composants clés des batteries des véhicules électriques.
L’extraction de ces minerais a été associée au travail des enfants et à l’exploitation, à des abus environnementaux et à des risques pour la sécurité. Dans un rapport de 2016, Amnesty International a accusé les entreprises chinois de recourir au travail des enfants dans les mines de cobalt du Congo et les multinationales de la technologie pour ne pas avoir abordé la question des droits de l’homme dans leurs chaînes d’approvisionnement.
La législation américaine interdirait l’importation de « biens, d’articles ou de marchandises contenant des métaux ou des minéraux, en particulier du cobalt et du lithium et leurs dérivés, extraits, produits, fondus ou traités, en tout ou en partie, par le travail des enfants ou le travail forcé en RDC » a fait savoir le bureau de Chris Smith .
La loi exigerait également que le président identifie et impose des sanctions, y compris des interdictions de visa et de transaction, aux acteurs étrangers qui facilitent et exploitent le travail des enfants au Congo.