Les mineurs de cuivre augmentent enfin leur production après plusieurs années de performances anémiques. Mais cela ne suffira peut-être pas à relever de manière significative les stocks à partir de niveaux historiquement bas, en maintenant les approvisionnements serrés sur un marché essentiel à la transition énergétique.
La raison en est un goulot d’étranglement dans la capacité des fonderies du monde, dont le rôle de transformation du minerai en métal en fait un rouage crucial dans la chaîne d’approvisionnement entre les mineurs et les fabricants de produits allant des téléphones mobiles et des unités de climatisation aux véhicules électriques.
« Il n’y a pas assez de capacité de fusion », a déclaré Ye Jianhua , analyste au Shanghai Metals Market. Un excédent de production minière « atténuerait difficilement l’étanchéité associée aux faibles stocks de cuivre raffiné l’année prochaine », a-t-il déclaré.
La perspective d’une vague d’approvisionnement satisfaite par une capacité de conversion insuffisante se traduit par une flambée des redevances pour transformer les minerais semi-traités, ou concentrés, en métal affiné. Les prélèvements, connus sous le nom de frais de traitement et de raffinage, sont déduits du prix des concentrés et sont un facteur clé de rentabilité pour les fonderies ainsi que pour de nombreux négociants.
Les frais de fusion annuels de référence ont bondi de 35% pour atteindre leur plus haut niveau en six ans lorsqu’ils ont été convenus jeudi par le mineur américain Freeport-McMoRan et les fonderies chinoises lors d’un rassemblement de l’industrie à Singapour. La Chine représente environ la moitié de la consommation mondiale de cuivre et son industrie de fonderie est la plus importante au monde.
De nombreux commerçants, mineurs et analystes ont déclaré s’attendre à une accumulation de concentrés de cuivre au cours de l’année prochaine. Certains s’attendent à une augmentation des stocks mondiaux de minerais de 500 000 t de teneur en cuivre ou plus. Mais le goulot d’étranglement de la fonderie signifie que la plupart s’attendent à ce que le marché du cuivre métal – la forme qui fixe le prix à la Bourse des métaux de Londres – enregistre beaucoup moins d’excédent, voire pas du tout.
D’un côté, l’offre de minerai de cuivre augmentera au rythme le plus rapide en sept ans, selon l’International Copper Study Group, avec une production en hausse en Afrique et en Amérique latine, alors que plusieurs nouvelles mines, dont la mine Quellaveco d’Anglo American au Pérou et Teck Resources ‘ Projet Quebrada Blanca 2 au Chili — augmentation de la capacité.
D’autre part, la capacité mondiale de fonderie augmentera plus lentement. La Chine a largement contribué aux augmentations ces dernières années, et même si sa production devrait augmenter l’année prochaine, elle ne suivra probablement pas le rythme de l’augmentation de l’offre minière.
Même la capacité existante a été limitée. Les fonderies chinoises ont connu des perturbations croissantes ces dernières années, notamment en raison de pannes de courant et des efforts du gouvernement pour réduire l’intensité et la consommation d’énergie, a déclaré Xu Yulong, directeur général adjoint de China Copper International Trading Group.
Lorsque des représentants de fonderies chinoises ont rencontré des dirigeants de grandes sociétés minières cette semaine à Singapour pour négocier les accords d’approvisionnement de l’année prochaine, des responsables de China Copper ont souligné les perturbations en cours, y compris une interruption prévue du traitement en raison du déplacement prévu d’une fonderie dans la province du Yunnan, selon à deux personnes familières avec les pourparlers.
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
Le consensus selon lequel l’approvisionnement des mines et la capacité de fusion seront incompatibles pendant un certain temps pourrait encore s’avérer faux – et ce ne serait pas la première fois que les commerçants seraient pris à contre-pied par ce qui semblait être une chose sûre dans le cuivre. marché.
Les mineurs pourraient être confrontés à des difficultés imprévues pour augmenter la production. Les fonderies chinoises pourraient être en mesure de traiter plus que prévu. Un ralentissement économique mondial brutal affecterait la demande de cuivre et laisserait les fonderies inactives.
Et même si les perspectives à court terme sont pour des approvisionnements abondants de minerai de cuivre, peu s’attendent à ce que l’inadéquation dure. Trois nouvelles fonderies majeures hors de Chine sont prévues pour le second semestre 2024, par Adani Enterprises en Inde, Freeport McMoRan en Indonésie et Ivanhoe Mines dans sa mine Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo.
Les grands mineurs, quant à eux, mettent en garde contre un déficit d’approvisionnement important à partir du milieu de la décennie, avec pas assez de nouveaux projets pour suivre le rythme de la demande qui devrait exploser grâce à la transition énergétique loin des combustibles fossiles.
Dans un discours prononcé lors d’un dîner de gala à Singapour la semaine dernière, Maximo Pacheco , président de la société nationale de cuivre du Chili Codelco, a déclaré qu’il s’attend à un excédent à court terme. Mais il a averti : « À moyen terme, la réalité sera l’inverse : la demande dépassera de loin l’offre.
