Alors que la demande en lithium explose avec la transition énergétique, la République démocratique du Congo (RDC) se retrouve au cœur d’une bataille d’influence. Soutenue par des poids lourds comme Bill Gates et Jeff Bezos, la société KoBold Metals cherche à s’implanter dans l’un des plus grands gisements de lithium de roche dure au monde.
Une initiative qui intervient dans un contexte de tensions économiques et stratégiques entre les États-Unis et la Chine, principal acteur du marché des batteries électriques.
Un enjeu stratégique pour la RDC et les États-Unis
Selon Bloomberg, KoBold Metals a engagé des discussions avec le gouvernement congolais pour obtenir un permis minier clé et relancer l’exploitation du lithium à Manono, un site aux réserves estimées à plusieurs millions de tonnes.
« Ce gisement a le potentiel de devenir une mine de lithium à grande échelle et à longue durée de vie», affirme Sandy Alexander, directeur juridique de KoBold. Grâce à ses technologies d’intelligence artificielle, la société ambitionne d’optimiser l’exploration et l’exploitation minière, une approche qui tranche avec les méthodes traditionnelles.
Mais au-delà des questions techniques, ce projet illustre la volonté de Washington de s’assurer un approvisionnement stratégique en lithium, un métal essentiel pour l’industrie des véhicules électriques et des énergies renouvelables.
Un litige minier qui bloque les investissements
L’initiative de KoBold intervient dans un climat miné par des conflits d’intérêts. Le permis convoité est au centre d’un litige entre l’australien AVZ Minerals Ltd., le chinois Zijin Mining Group et Kinshasa. Cette bataille juridique, qui dure depuis plusieurs années, a freiné les investissements et ralenti le développement du site.
Avec son offre, KoBold propose une porte de sortie à ce bras de fer qui divise la RDC et ses partenaires miniers. Mais la question reste entière : le gouvernement congolais est-il prêt à s’affranchir du monopole chinois sur ses ressources stratégiques ?
La RDC, un acteur clé sur le marché du lithium
Face à la montée en puissance de la transition énergétique, la RDC, déjà leader mondial du cobalt, pourrait jouer un rôle central dans l’approvisionnement en lithium. Mais pour cela, elle devra naviguer entre les ambitions des multinationales, les pressions diplomatiques et les exigences locales en matière de retombées économiques et environnementales.
La partie est loin d’être gagnée. Si KoBold parvient à s’implanter à Manono, cela marquerait un tournant dans l’équilibre du marché mondial du lithium. Mais les acteurs chinois, qui ont largement investi en Afrique ces dernières années, ne comptent pas céder leur place sans résistance.
Vers un nouveau bras de fer entre Pékin et Washington ?
L’intérêt de KoBold pour le lithium congolais s’inscrit dans une dynamique plus large où les États-Unis tentent de réduire leur dépendance aux matières premières chinoises. De leur côté, les entreprises chinoises continuent de renforcer leur présence sur le continent, malgré une chute récente des prix du lithium.
Dans ce jeu d’échecs géopolitique, la RDC pourrait bien tirer son épingle du jeu… à condition de négocier intelligemment ses partenariats.
Pierre Kabakila