Avec le soutien de la coopération allemande (GIZ), l’ASBL Oisillons Group organise, du 16 au 19 juin 2025 à Lubumbashi, un atelier de formation destiné aux médias communautaires du Haut-Katanga et du Lualaba. Objectif : renforcer leurs compétences dans le suivi de la mobilisation des recettes fiscales issues du secteur minier industriel.
Cette session s’inscrit dans le cadre du projet Développement Économique Intégré du Secteur Minier (DISM), mis en œuvre par la GIZ, et vise à outiller les journalistes pour mieux couvrir les questions de fiscalité minière en République démocratique du Congo.
Au total, 25 journalistes — dont 15 basés à Lubumbashi et 10 venus de Kolwezi — prennent part à cette formation centrée sur le suivi des impôts, taxes, redevances et autres paiements dus à l’État par les entreprises minières opérant dans la région.
Un secteur stratégique encore trop opaque
La RDC est l’un des pays les plus riches en ressources naturelles au monde, mais les retombées de cette richesse sont loin de profiter pleinement à la population. Plusieurs rapports de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) ont souligné l’existence d’écarts considérables entre les revenus miniers attendus et ceux effectivement versés au Trésor public.
Pour Flore Kayala, responsable de ce projet au sein de Oisillons Group, les journalistes ont un rôle crucial à jouer dans ce contexte :
« On a constaté qu’il y a de plus en plus de journalistes qui travaillent sur le secteur minier, mais sans assez de connaissances. Alors, on s’est dit qu’il serait pertinent, vu la demande croissante de minerais, de renforcer leurs capacités en fiscalité minière pour qu’ils produisent des reportages fouillés, d’investigation. »
Informer pour mieux contrôler
L’objectif de cette formation est de permettre aux journalistes d’acquérir les outils nécessaires pour suivre les flux financiers du secteur minier et jouer leur rôle de sentinelles de la redevabilité publique.
« Le secteur minier rapporte beaucoup à la RDC, mais malheureusement, ce sont des capitaux qui échappent souvent. En tant que journalistes, ils doivent être capables de sonner la cloche quand il y a des irrégularités », poursuit Flore Kayala.
Lubumbashi, un choix stratégique
La ville de Lubumbashi n’a pas été choisie au hasard. Elle est au cœur de l’activité minière congolaise, tout comme la province voisine du Lualaba.
« Ce sont les deux provinces qui attirent le plus d’investisseurs et concentrent les plus grandes réserves minières du pays. Il était donc essentiel de former en priorité les journalistes de ces zones », explique la responsable de l’ASBL Oisillons, qui prévoit d’étendre l’initiative à d’autres provinces du pays.
Vers un journalisme économique d’investigation
À l’issue de la formation, les participants seront appelés à produire des contenus médiatiques de fond — articles, émissions ou enquêtes radiophoniques — sur la fiscalité minière, la transparence et la gestion des recettes publiques.
L’ambition est de faire émerger un journalisme économique d’investigation capable de susciter des débats publics éclairés au sein des communautés locales, tout en exerçant une pression citoyenne pour une meilleure redistribution des revenus issus du secteur extractif.
En s’appuyant sur les médias communautaires, l’ASBL Oisillons Group et ses partenaires veulent impliquer davantage les populations dans les enjeux de gouvernance minière, véritable pilier d’un développement durable et équitable en RDC.
Junior Ngandu