Au village Lukuni gare, à environ 18km à l’Est de la ville de Lubumbashi, dans le Haut-Katanga, en République Démocratique du Congo (RDC), les habitants accusent la société chinoise Congo Dongfang International Mining (CDM) de pollution de l’air. Selon les représentants locaux, la société n’a jamais pris des mesures concrètes pour minimiser son impact environnemental.
Une usine de traitement des minerais de l’entreprise CDM, installée à côté de Lukuni gare, à Kawama, près de la ville de Lubumbashi, laisse s’échapper un gaz toxique, contaminant l’air dans ce village d’à peu près une centaine d’habitants, affirment des représentants communautaires à Mines.cd.
D’après un chef local qui a requis l’anonymat, les gaz toxiques ont déjà causé des problèmes de santé chez les habitants, dont des enfants et des femmes. « Il est clair que l’air contaminé provoque des problèmes de santé », souligne-t-il tout en révélant que ces acides ont également brûlés certains champs dans le village. Mais face à cela, la société incriminée n’a jamais réagi, malgré les cris d’alarme.
Un village abandonné
Lukuni gare est encerclé par les activités minières de CDM, une société détenue majoritairement par le groupe chinois Zhejiang Huayou Cobalt Co qui exploite le cuivre et le cobalt dans cette région.
« La société déverse des solutions acides et du gaz toxique provient de son usine. Quand ça se fait sentir, il est souvent difficile de respirer », raconte Robert, un activiste des droits de l’homme que Mines.cd a rencontré. « Nous avons constaté des violations des droits humains par la société minière, mais des mesures concrètes n’ont jamais été envisagées. Cette population est meurtrie ».
Dans la périphérie de Kawama, l’exploitation minière de Congo Dongfang International Mining est décriée. L’entreprise est souvent accusée de violations des droits humains dans l’exploitation des ressources naturelles, dans le Haut-Katanga, une province au coeur de la ceinture cuivre-cobalt. Face à l’inaction de l’état, la population se sent abandonnée.
Autres impacts
Il n’y a pas que l’air qui est contaminé dans ce village. Les habitants craignent que le sol soit aussi, par les rejets toxiques de CDM. Mais ils reconnaîssent qu’à l’heure actuelle, il est difficile de le déterminer sans une analyse scientifique sérieuse. À cet effet, ils appellent les autorités provinciales à prendre des mesures concrètes afin de pousser l’entreprise à minimiser son impact environnemental :« Nous n’avons nulle part où aller, c’est notre terre. Nous devons être protégé et nos droits doivent être respectés ».
D’après les représentants communautaires, l’entreprise minière mise en cause a souvent eu des conflits avec les agriculteurs locaux. De nombreux champs ont été englouti par l’expansion de CDM au cours de dernières années, et la société minière n’a pas indemnisé les agriculteurs touchés conformément au Code minier en vigueur dans le pays depuis 2018. Les représentants locaux regrettent en outre que les investissements chinois n’aient pas encore profité à la population.
Afrewatch, une organisation non gouvernementale, avait dénoncé une exploitation irresponsable et irrespectueuse des droits humains et de l’environnement par l’entreprise CDM. Selon cette ONG, la société minière s’est illustrée par des pratiques contraires aux règles environnementales sous l’oeil de l’État congolais.
Saïbe Kabila