C’est le début de la chasse à l’homme au Mali. Le Pole économique et financier de Bamako vient d’émettre deux mandats d’arrêts internationaux: un contre Mark Bristow, le patron de l’entreprise aurifère canadienne Barrick Gold, et un autre contre le Cheik Abbas Coulibaly, le Directeur général de Loulo-Gounkoto, un prestigieux complexe minier aurifère du pays.
Selon le communiqué du Pole économique et financier de Bamako, signé le 2 décembre et rendu public le 5 du même mois, Mark Bristow et Cheik Abbas Coulibaly sont accusés de « blanchiment de capitaux » et de « violation de la règlementation des relations financières extérieures des Etats membres de l’UEMOA ». Les faits mis à leur charge sont présumés commis entre 2019 et 2023. En effet, le Pôle économique et financier est un organe étatique, créé en 2023 et qui a pour mission de lutter contre la corruption et le blanchiment des capitaux.
L’émission de ces mandats est intervenue peu après l’arrestation de quatre employés de la plus grande mine d’or souterraine et à ciel ouvert du Mali dont le géant canadien est actionnaire majoritaire. La production annuelle des différents sites du vaste complexe industriel aurifère est estimée à 19,4 tonnes du précieux métal.
Arrêtés à Bamako pour les mêmes griefs reprochés également à leur employeur, les quatre employés ont été relaxés quelques jours plus tard, après qu’un accord ait été trouvé avec les autorités maliennes, sur fond d’espèces sonnantes et trébuchantes : 80,6 millions d’euros versés à l’Etat.
Ces détentions s’inscrivent dans le cadre de renégociations des conventions minières en vigueur au Mali entre le régime au pouvoir et les opérateurs miniers du pays. Et c’est pour faire adopter le nouveau Code minier révisé en 2023.
Le site Loulo-Gounkoto est aujourd’hui détenu à 80 % par le géant d’or Barrick et à 20 % par les autorités maliennes. L’exploitation aurifère au Mali remonte au moins au XIVe siècle et constitue aujourd’hui une des principales ressources du pays, représentant en 2018 plus d’un millions d’emplois, 7% du PIB, un quart du budget de l’Etat et les trois quarts des exportations.