Le Gouvernement congolais lance, ce jeudi 28 juillet à Kinshasa, la vente aux enchères de 27 blocs pétroliers et de trois blocs gaziers. Cette vente aux enchères suscite une levée de boucliers dans les rangs des acteurs politiques et de la société civile.
L’une des dernières réactions en date celle du Député National et Président de l’UDA Originelle, Claudel André Lubaya qui dénonce un empressement intéressé non dissimulé du gouvernement et d’un air futé cachant un «activisme» enjoué, de vendre au pied levé et aux enchères 27 blocs pétroliers et 3 gaziers du pays, dans une période, selon lui, aussi suspecte, où il peine à asseoir son autorité sur toute l’étendue du territoire national et, comble de tout, à l’approche des élections.
D’après lui, en effet, le gouvernement est imperméable à toute remarque objective et imperturbable face aux interrogations que soulève cette opération parmi tant d’autres et cultive en la matière une communication tout à la fois «brouillée, obscure et ambiguë» sur toute la ligne, maniant le flou sur le processus en lui-même.
«Tantôt le Ministère des hydrocarbures affirme procéder à la vente aux enchères des blocs pétroliers et gaziers pour mobiliser les ressources nécessaires au développement du pays, tantôt il déclare lancer juste des appels d’offre pour l’attribution des droits des hydrocarbures» ! Que retenir ? C’est flou. Et quand c’est flou, c’est qu’il y a le loup, dit-on. À l’appui de ses dires, le gouvernement évoque le besoin d’argent pour développer le pays. C’est trop beau pour être vrai. Le besoin d’argent ne peut servir de prétexte aux irrégularités, à l’opacité et à la légèreté qui entourent ce marché annoncé avec fracas», a-t-il dénoncé.
À cet effet, il rappelle au gouvernement qu’il est astreint par la loi, au devoir de redevabilité et de transparence dans sa conduite des affaires du pays car, dit-il, il doit des comptes au peuple et à la postérité, sur plusieurs contrats obscurs.
«Les accords économiques, militaires et sécuritaires conclus avec nos voisins rwandais et ougandais qu’il accuse aujourd’hui d’appuyer les multiples factions de rébellions internes et étrangères qui déstabilisent le pays ; les accords signés en toute opacité entre la Présidence de la République et Dan Gertler et qui n’ont jamais été rendus publics au prétexte d’une clause de confidentialité. De même, la suite réservée à la révisitation des contrats chinois. Les cas sont légion, de quoi s’inquiéter que le pays soit bradé au préjudice de ses citoyens», a-t-il déploré.
Dans cette perspective, Claudel André Lubaya rappelle également au gouvernement que depuis le 1er août 2015, la RDC s’est dotée d’un cadre juridique approprié en la matière, structuré autour notamment de la loi n°15/012 portant régime général des hydrocarbures et le décret n°16/010 du 19 avril 2016 portant règlement d’hydrocarbures.
« J’attire l’attention du Gouvernement sur le fait que conformément à l’article 3 de la loi précitée, sont considérées comme la propriété exclusive de l’État et donc du peuple congolais qui a le droit inaliénable d’en jouir et d’en tirer profit, les masses d’hydrocarbures issues du sol ou du sous-sol localisées dans les limites du territoire national, en ce compris, les espaces fluvial, lacustre, maritime ainsi que sur la mer territoriale congolaise, la zone économique exclusive et le plateau continental. Ainsi, toute activité ayant une incidence sur les hydrocarbures, propriété du peuple congolais, requiert du Gouvernement, la transparence et la responsabilité faute de quoi, il violerait délibérément l’article 11 de la loi susmentionnée qui lui impose l’obligation d’assurer la promotion de la transparence, de la bonne gouvernance et de veiller dans les moindres détails à la protection de l’environnement dans les activités d’hydrocarbures tant en amont qu’en aval», a martelé le député national, Claudel André Lubaya.
Par conséquent, Claudel André Lubaya laisse entendre que la classification actuelle de différents blocs pétroliers et gaziers mis en vente est aléatoire et non conforme aux prescrits de la Loi et du Décret repris supra. À l’en croire, à l’instar du secteur minier, la RDC ne dispose pas d’une cartographie de potentialités pétrolières ou gazières. Faute de n’avoir jamais fait appel à un cabinet spécialisé pour une expertise sérieuse de ses potentialités, le pays ne dispose à ce jour, d’aucune donnée fiable sur ses réserves probables, prouvées ni certifiées. D’où, dit-il, la crainte légitime qu’une évaluation biaisée de ses réserves l’expose à une logique de bradage et de prédation inconsidérée au profit des étrangers et leurs complices locaux.
Pour éviter tout bradage des ressources du pays en la matière, il encourage vivement le Gouvernement à prendre toutes les précautions légales et réglementaires nécessaires en veillant autant à l’intégrité et à la conformité de cette opération qu’aux lois de la République et à l’intérêt supérieur de la Nation ainsi que des générations futures. «Il n’est jamais tard pour épargner au pays d’un énième procès pour scandale économico-financier», a-t-il conclu.