D’après les recherches et analyses menées par l’unité d’enseignement et de recherche en hydrobiologie appliquée (UERHA) de l’Institut supérieur pédagogique (ISP) de Bukavu qui a porté sur « les causes de la mortalité massive des poissons » de Minova, le rapport établi par ces scientifiques « exclut totalement » l’hypothèse du gaz méthane ou carbonique du lac Kivu d’être à la base de ce phénomène, « étant établi que la concentration en gaz méthane dans ce golf est très faible ».
En effet, selon le professeur Pascal Masilya – chercheur au Département de Biologie-Chimie à l’ISP de Bukavu et Directeur Adjoint à l’unité d’enseignement et recherche en hydrologie – pour que le gaz méthane provoque de tel phénomène, il faut qu’il y ait une éruption limnique. Pourtant, « ce n’est ni le gaz méthane, encore moins le gaz carbonique…. Nous pensons à un phénomène de remontée des eaux moins riches en oxygène vers les eaux plus riches en oxygène. Il y a donc eu diminution brusque de l’oxygène à l’endroit où vivent les poissons ».
Les vraies causes des mortalités
À en croire le professeur Pascal Masilya, après entretien avec la population de Bweremana et Minova en date du 7 juin 2022, les informations recueillies l’ont amené à conclure que « quelques poissons ramassés dans les territoires précités provenaient de Minova soit déjà morts, soit en train de suffoquer à la surface de l’eau, très probablement à la recherche de l’oxygène ». L’on observe que la profondeur maximale dans cette zone était de 3,6 m et la température était normale, avec 23,4 degrés Celsius.
« Les eaux sont noirâtres mais sans odeur particulière. Il n’y a plus de poissons morts dans la zone et la pêche d’essai n’a rien apporté comme poisson. », indique le rapport.
Comme piste de solution, le professeur Pascal Masilya propose que soit installé des stations météo partout dans la région afin de suivre de près ce phénomène et d’y répondre à temps.
« C’est un phénomène purement naturel mais dans les conditions qui sont les nôtres, c’est une situation imprévisible. Si on devrait vouloir prévenir ce genre d’événements, il faudra installer des stations météo pour pouvoir développer des modèles qui peuvent faire des prédictions, signaler qu’il y a risque que tel ou tel autre événement se produise. Il faudra avoir des stations météo installées un peu partout pour qu’il y ait des données en continu sur une longue période. De toutes les façons, ce phénomène devient récurrent dans cette partie du pays. C’est la 3ème fois que ça se produit à l’intervalle de quelques années », conclut-il.