Le projet minier Mutanda Mining (MUMI), l’un des plus importants de la République Démocratique du Congo, est au centre d’une vive controverse. Un document consulté par Mines.cd pointe un manque criant de transparence dans la cession des actifs de la Gécamines, entraînant une perte de revenus considérable pour l’État congolais, notamment à travers des royalties occultées. Le groupe Ventora, cité dans cette affaire, rejette ces accusations.
Selon la coalition Le Congo N’est Pas À Vendre (CNPAV), dans son décryptage sur la gestion des actifs du projet Mutanda Mining, la Gécamines aurait perdu tout contrôle sur cette coentreprise stratégique. Le rapport, basé sur des sources publiques et des évaluations antérieures, vise à éclairer les enjeux de gouvernance ayant conduit à la perte de contrôle de l’État congolais sur l’un des projets miniers les plus prometteurs du pays.
Ventora conteste, mais les faits pèsent lourd
Ventora, société impliquée dans les transactions dénoncées, a formellement rejeté les accusations dans un communiqué publié le 1er août 2025, assurant que toutes ses opérations avaient été menées dans le respect de la législation en vigueur.
Cependant, plusieurs décisions judiciaires internationales et sanctions américaines confirment des irrégularités dans les opérations liées à Dan Gertler, principal acteur controversé de ces affaires minières.
Selon le Département du Trésor américain, Dan Gertler aurait profité de sa proximité avec l’ancien président Joseph Kabila pour servir d’intermédiaire dans des transactions minières opaques entre 2010 et 2012. Ces deals, conclus à des valeurs sous-évaluées, auraient causé à la RDC une perte estimée à plus de 1,36 milliard de dollars.
Washington affirmait déjà en 2017 que l’homme d’affaires israélien avait « amassé sa fortune grâce à des centaines de millions de dollars de transactions minières et pétrolières opaques », obligeant certaines multinationales à passer par lui pour accéder au marché congolais.
L’analyse du CNPAV révèle également un flou total autour de la cession des royalties du projet Mutanda Mining, une source de revenus stable pour l’État congolais. Ces droits auraient été transférés sans appel d’offres ni évaluation indépendante à des entités liées à Dan Gertler, privant ainsi le pays de ressources financières cruciales à long terme.
Appel à la transparence et à la justice
Face à cette situation, la coalition CNPAV demande une évaluation indépendante et publique de l’ensemble des transactions liées à Mutanda Mining. Objectif : restaurer la transparence, garantir la justice et obtenir réparation au nom du peuple congolais.
Le collectif plaide également pour une gouvernance responsable dans le secteur minier, pilier central du développement économique du pays.
Pendant ce temps, le silence persistant de Ventora face aux accusations et à l’absence de clarification officielle alimente les soupçons d’opacité.
Pour le CNPAV, le combat autour de Mutanda Mining dépasse désormais un simple différend financier : il symbolise la lutte pour la souveraineté économique et la transparence dans la gestion des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo.
Daniel Bawuna