Après deux jours d’intenses combats, les éléments du mouvement terroriste du M23 se sont emparés dimanche 26 février, de la cité stratégique de Rubaya située dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, alors qu’ils sont censés entamer ce mardi 28 février, leur retrait des zones sous occupation, conformément aux récentes résolutions des Chefs d’État de l’EAC.
La spécificité de la cité de Rubaya – comptant plus de 100.000 habitants – est qu’elle abrite plusieurs industries d’exploitation en grande quantité des minerais stannifères dont le coltan et le manganèse, dans la partie Est de la République démocratique du Congo.
Cette prise de Rubaya par le M23 soutenu par l’armée rwandaise RDF, intervient quelques jours seulement après celle de la cité de Mushaki qui donnait accès à plusieurs autres cités, villes et territoires du Nord-Kivu. D’après les informations des sources locales jointes par la radio onusienne, le tandem M23-RDF a pris « le contrôle de la route principale Sake-Masisi, qui traverse la cité Mushaki », coupant ainsi la route qui mène vers le centre du territoire de Masisi et menaçant au passage la route entre Sake et Minova située sur la route nationale numéro deux.
« La prise aujourd’hui par le M23-Rwanda du site minier de Rubaya – territoire de Masisi – prouve que la motivation des agresseurs est aussi économique. Après la prise de Bunagana, l’ennemi se renforce un peu plus. Urgence de tout mettre en œuvre pour l’extirper du territoire national », a expliqué le député national, Juvenal Munubo dans un post sur Twitter.
Des suspicions d’une tentative d’occupation depuis janvier
« Nous constatons que ces gens [Ndlr. M23-RDF] veulent couper la route Goma-Sake et prendre SOMIKI, la cité de Kibirizi, Kitshanga et prendre aussi Kirolirwe pour aller dans les entités minières de Rubaya. Voilà notre inquiétude » alertait le 20 janvier dernier, le chef de Bambo.
Il indiquait que les éléments du M23 renforçaient leurs positions dans le groupement de Tongo en territoire de Rutshuru et ce, depuis qu’ils s’étaient retirés de la cité de Nyamilima sur l’axe Ishasha-Kiwanja.
« La présence de renforts de ces terroristes est signalée depuis vendredi dernier sur les axes Tongo, Mulimbi, Kishishe, Bwiza, Mabenga-Rwindi et la colline de Nyundo, surplombant Kibumba, une autre partie que la rébellion dit avoir quitté », indiquait un article de MINES.CD publié en janvier dernier.
En outre, cette autorité locale appelait ainsi les autorités nationales à anticiper, afin de parer à une éventuelle attaque des terroristes dans ces zones.
Une cité en proie de l’insécurité
En décembre dernier, l’Association des volontaires pour la paix et le développement communautaire (AVOPADECO), dénonçait l’insécurité qui régnait autour de la zone minière de Rubaya.
Selon cette organisation de la société civile, cette insécurité était caractérisée par des tueries et agressions armées contre la population dans l’agglomération de Rubaya.
D’après Bakorakora Dionizi, président d’AVOPADECO, la population se faisait agresser et massacrer par des hommes armés non autrement identifiés, plus souvent à des heures de circulation habituelles.
Il fait également savoir sur des violations des droits de l’Homme commis de manière récurrente par des « inciviques » mais aussi par les services de sécurité. Il en a appelé aux autorités provinciales à trouver une solution rapide pour stopper cette insécurité croissante dans la région.
« Les services de sécurité déployés dans cette zone n’arrivent à défendre les communautés du coin et ne fournissent aucun effort pour chercher à démanteler les réseaux de ces bandits armés, qui sont nombreux dans cette région, s’indignent certains leaders d’opinion de la région », affirmait-il.
La mine en question…
La mine de Rubaya est connue pour ses richesses en Coltan et d’autres minerais et se trouve au Nord-Kivu à l’est de la République Démocratique du Congo. Découverte dans les années 2000, cette mine de coltan est convoitée par pas mal de sociétés, y compris des sociétés étrangères qui, de temps en temps ne veulent pas payer les taxes ou refusent de restaurer l’écosystème après exploitation.