Une nouvelle source de tension met en péril l’unité entre les forces régulières congolaises (FARDC) et les groupes d’autodéfense Wazalendo, jusque-là alliés dans la lutte contre les rebelles du M23 et les réseaux de contrebande minière. Au cœur du différend : le contrôle des carrés miniers d’or à Angoa, dans le groupement Utunda, territoire de Walikale.
Depuis le retrait des rebelles du M23 dans cette zone riche en ressources, des disputes récurrentes opposent les deux groupes, chacun revendiquant la gestion du site minier.
« Chaque camp revendique le contrôle de ce site minier. Ils ont failli se tirer dessus », a déclaré le Mwami Bakora Shebihembe, chef coutumier de la région.
Selon lui, la situation a semé une grande panique parmi les creuseurs artisanaux opérant dans le site, mais aussi parmi les populations riveraines, contraintes de fuir par crainte d’affrontements armés.
« La population d’Angoa veut abandonner la zone à cause de cette situation », s’alarme le Mwami, qui s’insurge contre l’appropriation militaire des sites miniers :
« Je ne comprends pas comment des hommes armés peuvent s’approprier un site minier alors que la loi l’interdit formellement. »
Un risque d’affrontement entre alliés
Ce conflit latent entre FARDC et Wazalendo révèle une fragilité préoccupante au sein de la coordination militaire congolaise, dans une zone toujours sous pression des ambitions économiques et géopolitiques.
« Le risque d’affrontements est élevé », confie une source locale, qui appelle la hiérarchie militaire à rétablir l’ordre et à clarifier les rôles respectifs des différentes forces sur le terrain.
La source déplore que des raisons purement économiques, souvent motivées par l’appât du gain lié à l’or, prennent le pas sur les objectifs communs de sécurisation et de souveraineté.
Une convoitise toujours active du M23
Pendant que les forces congolaises s’affrontent verbalement pour le contrôle des mines d’Angoa, le M23, rebelles soutenus par le Rwanda, renforce ses positions dans les villages environnants, avec un objectif clair : accéder aux ressources précieuses du territoire.
Cette situation, si elle dégénère, pourrait offrir au M23 une opportunité inespérée de reprendre l’initiative, dans un contexte où la fragmentation des forces congolaises sert les intérêts des groupes armés étrangers.
Une urgence de coordination
La crise actuelle pose la question centrale du rôle de l’armée et des groupes d’autodéfense dans l’exploitation des ressources minières. Pour les leaders communautaires comme le Mwami Bakora, l’État doit reprendre fermement la main pour éviter que la richesse du sous-sol ne se transforme en malédiction.
Sans intervention rapide de la hiérarchie militaire et politique, Walikale risque de devenir le théâtre d’un conflit fratricide, sapant les efforts de stabilisation dans une région stratégique du Nord-Kivu.
Azarias Mokonzi