Le prix du courage civil 2024 a été décerné, ce mercredi 30 octobre à New-York, à un défenseur des droits humains dévoué, Philippe Ruvunangiza, Directeur du Bureau d’Etudes scientifiques et Techniques (BEST). Après avoir reçu son prix, le lauréat a dédié cette récompense aux victimes de l’exploitation minière et aux populations de Kitutu, dans le territoire de Mwenga, qui sont confrontées à des conditions que d’aucuns qualifieraient d’esclavage moderne.
Dans un discours poignant, le lauréat a décrit les réalités dramatiques auxquelles est confrontée la population congolaise dans les régions minières du Sud et du Nord-Kivu où la cupidité pour les ressources naturelles alimente des conflits sans fin. Depuis trois décennies, la République Démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d’une exploitation effrénée de ses ressources, marquée par de nombreux cas de violations des droits de l’homme, la destruction de l’environnement et l’insécurité des populations locales. Le lauréat a rappelé que cette situation a déjà occasionné des millions de morts autant que des déplacés, ces derniers se retrouvant victimes à la fois de violences, de faim et des maladies dans des camps précaires où ils logent momentanément.
Alors que des entreprises étrangères souvent soutenues par des forces locales incontrôlées profitent des richesses minières du pays, le bassin du Congo subit en contrepartie une déforestation rapide. La faune sauvage est menacée, notamment dans le Parc des Virunga.
Dans son discours, le lauréat a dénoncé l’indifférence de la communauté internationale face à ce qu’il qualifie de « génocide économique » qui a asservi le peuple congolais. Pour lui, il est crucial que les entreprises internationales mettent un terme aux pratiques d’exploitation irresponsables, et il a lancé un appel à la prise de conscience mondiale pour la paix et la prospérité partagée.
Le récipiendaire a également tenu à rendre hommage aux nombreuses personnes et organisations qui l’ont soutenu dans son combat, malgré les menaces et les intimidations. Il a exprimé sa reconnaissance aux défenseurs des droits humains à travers le monde et a dédié la récompense aux victimes d’injustice dans les régions minières du Congo. « Ce prix est un symbole de la lutte que nous menons tous pour un monde plus juste et équitable », a-t-il expliqué. Pour lui, cela le renforce dans son engagement à travailler pour un avenir meilleur où les droits humains et la dignité seront respectés.
Le Prix du courage civil est un prix des droits de l’homme qui reconnaît « une résistance inébranlable au mal à de grands risques personnels plutôt qu’une valeur militaire ». Il a été fondé en 2000 par le Northcote Parkinson Fund. Le but du prix n’est pas de créer un « classement », mais « d’attirer l’attention individuellement sur des héros de conscience extraordinaires ». Il s’inspire de l’exemple du dissident soviétique Alexandre Soljenitsyne.
Azarias Mokonzi